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Marc CHATELLIER
Professeur des Écoles AIS
Docteur en Sciences de l'Éducation / Chargé de Cours
Département des Sciences de l'Éducation
Université de Nantes
Lestamp-Association
Sciences Sociales: Enjeux
épistémologiques d’un dépassement
Qu’en
est-il donc aujourd’hui de la hiérarchie dans les
Sciences Sociales en France et des conséquences de la
classification, mise en place à la fin du XIXè siècle
par le mathématicien et philosophe français Auguste
Comte ? Ce faisant comment les Sciences Sociales,
discipline jeune puisque tout juste trentenaire-
ont-elles trouvé leur place dans cet ordre et quelles
réticences ont-elles fait émerger du point de vue
épistémologique, condamnées qu’elles étaient (par
l’objet complexe qu’elles avaient choisi d’étudier)
d’emprunter à plusieurs disciplines ? Posant par là même
la question de la validité des modèles qu’elle
proposait. Comme discipline reconnue au croisement de
plusieurs autres, elle a naturellement fait émerger la
notion d’interdisciplinarité (1987-1992) puis celle plus
récente de transdisciplinarité (2000-2005)
Extrait d’une actuelle recherche au sein du Centre de
Recherches en Éducation de Nantes (CREN), en vue
d’Habilitation à Diriger des Recherches – cet article se
propose d’examiner en quoi les Sciences Sociales
n’échappent pas à l’héritage des disciplines qui la
composent et comment elle peut dépasser ce déterminisme
par l’adoption d’une posture invitant à fonder
épistémologiquement une transdisciplinarité créatrice
de savoirs méta quand l’interdisciplinarité ne sait
qu’agréger.
L’Héritage de l’Histoire :
l’impuissance des mots et la fausse dichotomie des
finalités.
« Le sujet peut-il être purifié et non objet lui-même de
subjectivité ? »
(E. Kant, Critique de la faculté de juger, Paris,
Gallimard, 1985)
« Quand à l’autre aspect du devenir de l’esprit
(l’Histoire), c’est le devenir qui sait - ou connaît et
qui se médiatise : c’est l’esprit aliéné ou extériorisé
dans le temps. Mais cette aliénation ou extériorisation
est tout autant aliénation ou extériorisation d’elle
même. »
(G.W.F. Hegel : Phénoménologie de l’esprit, Paris,
Gallimard - Tel, 1981) :
Considérons la division épistémologique qui oppose deux
écoles scientifiques en Europe depuis le XVè siècle :
> d’un côté l’école Française, qui à partir de
Descartes, préconise une approche linéaire causale et
logique (mathématique) en vue d’un accès à la
connaissance par la division et l’analyse.
> de l’autre l’école anglo-saxonne, qui envisage la
connaissance dans sa globalité, faisant sienne
l’appréhension du tout avec celle des parties (et
inversement.) dans un mouvement dynamique et
dialectique, dont Hegel[1]
conceptualisera le socle théorique.
Cette division, cette opposition, qui génère en chacune
des deux communautés des références, des praxis et des
attitudes spécifiques, détermine en même temps des
institutions (systèmes) qui :
> pour la première école procèdent d’une
hiérarchisation, tant dans les attributions que dans les
représentations sociales qu’elles (se) donnent d’elles
mêmes. Ainsi en France, la persistance encore opérante
de nos jours entre « les savants » - regroupés dès 1866
sous l’autorité du très cartésien Fontenelles - sous la
coupole de l’Académie, tandis que les enseignants
(pourtant chercheurs dans leurs statuts contemporains)
sont assignés à l’Université et que les « artisans » de
la technique moderne sont invités à échanger leurs
connaissances dans les nouvelles « corporations » que
constituent les espaces spécialisés de la recherche
appliquée. Tous sont issus pourtant d’un corps considéré
comme l’élite, ils participent chacun dans leur clan, à
l’appréhension (et à la circulation de cette
représentation) d’un mode de connaissance basé sur une
spécialisation qui confère « l’illusion du » Savoir. Le
système est de type clôturant.
> pour le monde anglo-saxon, veillant - tant que faire
se peut - à ce que chaque institution reste un système
ouvert, non clos, qui touche à tout système qui lui est
concomitant, sans pour autant en adopter la logique.
Cette configuration à la fois cognitive et
socio-historique de la construction de la science
occidentale, accélérée et confirmée depuis la fin
dix-huitième, semble pourtant marquée dans les deux
écoles par le sceau d’un invariant structurel : une
référence commune au judéo-christianisme, à son Livre
(la Bible). Dans celui-ci, la
première connaissance, celle qui est procurée par le
fruit interdit, est « LA connaissance du Bien et du
Mal ». Cette connaissance est en fait une faculté
de jugement, elle rend l'homme égal à Dieu, c'est
pourquoi elle est interdite. Il n'y a pas d'arbre du
bien et d'arbre du mal, mais un seul "arbre de la
connaissance du bien et du mal". Et c’est
bien ce clivage - et la question ontologique qui y est
associée - qui va alors marquer le processus historique
de classification des sciences. Comme si s’inspirant des
méditations de Goethe, chaque école cherchait à
repérer, isoler et marquer LA discipline « gnose du
monde ». Oubliant l’une et l’autre dans leur
recherche que la science n’est pas tant un produit qu’un
processus, qui questionne l’humanité du point de vue
éthique.
En France après l’essor des Lumières ( dont on oublie
parfois un peu trop souvent l’intention globalisante du
projet Encyclopédiste), on va voir germer la première
opposition entre « sciences dures » et « sciences
molles », puis à l’intérieur de la première voir émerger
au nom de la logique causale et de l’atomisation, les
mathématiques comme phare de la démarche scientifique.
Auguste Comte à la fin du XIXè, marquera la définitive
hégémonie de la discipline, à travers sa classification
toujours opérante de nos jours.
> Dans les pays anglo-saxons en revanche, on valorisera
la chimie, montrant à travers les expériences de
combustion-réduction (au XVIIIè) les premiers effets de
la réversion et de la rétro-action, premiers pas vers ce
qui ne s’appelle pas encore systémisme. Cette opposition
toujours tenace questionne aujourd’hui plusieurs points
:
1/ Celui de la naissance, puis celle de la vie des
disciplines : les connaissances scientifiques circulent
dans l’espace et le temps, se modifient et transforment
les disciplines qui, à nouveau, affectent l’état des
connaissances. Dans ce processus spiralaire
(dialectique ?) sont-ce alors les disciplines qui
déterminent les sujets qui travaillent sur elles ? Ou y
a-t ‘il au contraire, une prédominance du sujet (pensé
comme éthique) sur ce qu’il travaille et comment il le
fait ?
2/ celui de la querelle des tentatives globalisantes :
doit-on parler d’interdisciplinarité comme d’une
rencontre heuristique (im)probable, où sans cesse les
scientifiques se heurtent à des problèmes de codes et de
référence ? Où bien plus de transdisciplinarité, au sens
où comme l’entendent E. Morin et Jean Louis Le Moigne,
il s’agit de « dépasser le sous
développement de notre conscience dans l’acte de la
connaissance »[2].
3/ enfin celui du regard et des représentations : la
question des attitudes scientifiques renvoie finalement
à celles des représentations de constructions codées ,
et du regard que l’on pose sur ces constructions. Aussi
rigoureux soit-il du point de vue épistémologique, le
scientifique reste un sujet dont l’éthique est un
va-et-vient permanent entre certitudes et incertitudes.
La Naissance des Sciences Sociales
en France : du positivisme Comtien au mythe de la
recherche–action ?
«La connaissance du réel est une lumière
qui projette toujours quelque part des ombres.
Elle n’est jamais immédiate et pleine »
(G. Bachelard, Le nouvel esprit
scientifique, Paris, Vrin 1989)
Rappelons pour mémoire qu’à travers ses cours de
philosophie positive, A Comte avait distingué - fidèle
en cela à l’école française - les « sciences concrètes »
qui se devaient de décrire la réalité, des « sciences
abstraites » qui avaient pour finalité, elles, de
dégager les lois qui composent cette réalité. Sa
classification - et la hiérarchie causale, linéaire qui
la sous-tend - dégageaient donc six disciplines dites
des sciences abstraites, dont la matrice restait la
mathématique (Venaient ensuite et dans l’ordre,
l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie puis
la physique des faits sociaux à laquelle Comte aspirait
et qui devint la sociologie). Cette classification aux
yeux de son auteur, n’avait pas tant pour finalité
d’établir un ordre inclusif, que de montrer les liens de
dépendance qu’entretenaient les disciplines entre elles.
Constatant que toute classification qui perdure,
détermine une hiérarchie sociétale, interrogeons donc la
persévérance de cette classification de nos jours. Outre
qu’elle sépare les champs et les pratiques, elle génère
des sous-divisons à l’intérieur même de son ordre et
isole le scientifique visant une analyse globalisante et
inter-disciplinaire par des conflits de code et
d’appartenance communautaire.
Une sorte de « cartographie » scientifique française du
XXè siècle confirme ainsi, que le modèle Taylorien de la
division du travail a grandement pénétré et formaté le
monde des chercheurs, isolant encore davantage les
équipes et les disciplines, reléguant même derrière le
qualificatif « d’appliquées » toutes les recherches
liées aux techniques. Paradoxe d’autant plus frappant à
l’heure où les techno-sciences (formes modernes des
sciences concrètes) se développant de façon considérable
depuis les années 1945, et se diffusant à l’échelle
planétaire, questionnent tant les savoirs construits,
les structures qui s’y agrègent que les modèles (les
lois chez Comte) qui les expliquent. Si la hiérarchie et
la division peuvent s’entendre du point de vue de
l’action, elles renvoient le scientifique et son travail
au processus de réification.
Dès lors reprenant l’idée Maussienne d’une dérive
utilitariste des sciences, mais aussi celle d’une
dialectique du processus de la connaissance qui rend
exsangue l’opposition sujet/objet, rappelons la
singularité du point de vue des Sciences Sociales. Elle
sont à la fois une pratique ancrée dans une réalité de
terrain, qui cherche à objectiver les faits, propos, et
interactions des acteurs qu'elle observe, mais aussi
tentative théorique de modélisations des dites
observations en vue de produire des savoirs pensés comme
"caisse à outil conceptuelle" (cf P. Bourdieu) à
destination des mêmes acteurs. Dans ce mouvement
circulaire et paradoxal qui l'anime la discipline doit
alors tenir compte à la fois de :
> la description objective des structures sociales
d’une époque donnée, leur hiérarchisation, leurs
dépendances, leurs rapports de forces, etc..;
> l’analyse de la psycho-socio-genèse des structures
ainsi isolées et étudiées : dégager les notions
d’invariants sur ce qui perdure et sur ce qui se
transforme.
> la mise en relation des structures avec les sujets
(agent ? acteur ?) qui les composent et l’analyse des
interactions et/ou rétroactions entre elles et eux.
Peut-il y avoir une pratique de recherche en sciences
sociales qui puisse aider les acteurs à construire leur
réalité. ?
Le contexte dans lequel la recherche en Sciences
Sociales s’inscrit aujourd’hui, reste (comme pour
d’autres disciplines) celui des moyens humains et
financiers, dégagés de toute finalité instrumentale. la
question du financement de la recherche devient alors
pierre angulaire d’une garantie éthique dans l’attitude
scientifique des chercheurs. Puis à l’intérieur de ce
cadre, il s’agit de viser à dépasser la querelle très
stérile entre transdisciplinarité et interdisciplinarité
par un réel décloisonnement des codes et des pratiques,
invitant selon la subjectivité du chercheur à des
démarches rigoureuses toichant à la question du rapport
à l’immédiat.
Une question reste cependant posée pour le chercheur en
Sciences Sociales. Celle de sa posture, enchevêtrée à
celle de son attitude dans sa discipline. La question
est d’importance historique tout autant que
géographique, tant il est vrai que les « attitudes
scientifiques » paraissent marquées du sceau des
contextes où elles sont nées. Pour nous chercheurs en
Sciences Sociales, y a-t-il une attitude scientifique ou
des attitudes dans une posture scientifique ?
Quelles préoccupations et quelles valeurs sous-jacentes
(souci d’utilité, de nouveauté, "croyances" ?) fondent
nos démarches scientifiques actuelles ? Des démarches
scientifiques nouvelles peuvent-elles émerger, et si
oui ? sur quelles attitudes scientifiques
sont-elles fondées ? Quelle place la science
laisse-t-elle à la subjectivité ?
Outre la question de l'attitude du scientifique
vis-à-vis de la discipline qu'il étudie, sa place dans
la cité est définie par rapport à son attitude vis-à-vis
d'un public (dans le travail d'expertise par exemple),
et par rapport à la société en général. Ainsi on peut se
poser la question du rôle de telle ou telle discipline
dans la société et dans l'université, que ce soit en
termes d'aide à la décision, de pouvoir explicatif, ou
encore de ce que son étude révèle sur cette société.
Les Sciences Sociales : le pari
épistémologique de la transdisciplinarité
« Si toutes les îles sont liées, l’explorateur en
découvre de nouvelles oubliées par les cartes trop
récentes... »
(J.L. Le Moigne : Le constructivisme : des
épistémologies (tome 2), Paris, Ed ESF, 1995)
Depuis l’adoption définitive (avec Galilée et Descartes)
de la méthode hypothético-déductive comme processus
cognitif dominant dans la construction de savoirs
objectifs (dénués de toute dépendance à un dogme
religieux et/ou idéologique), le sujet humain, dont Kant
affirmait qu’ainsi « il ne serait plus tenu en laisse
par la nature », est représenté comme un sujet
totalisant dont la capacité réflexive associée à celle
d’analyse, permet une maîtrise sur les objets (ou
ensembles de causes) qui l’entourent. Parler des
attitudes scientifiques questionne donc la séparation
entre les notions de sujet et d’objet, mais au delà, le
statut d’autorité du discours scientifique construit par
un sujet, (lui même condamné à l’incomplétude) et la
croyance dans le (ou les) discours de la science.
Un étonnant paradoxe gît au sein même de la pratique
scientifique et de son analyse historique : pratiquée
par un sujet (ou ensemble de) sur un objet (ou ensemble
de), se rappelant sans cesse à la rigueur positive (dont
la notion bachelardienne de rupture épistémologique
reste la dernière formulation), elle emploie pourtant
avec un étonnant sens de la polysémie les deux termes
pour parler d’elle même : « singularité du sujet
scientifique », « objet de recherche », Karl Popper[3]
tient la science pour « un code contextualisé dans
un espace-temps donné. Il indique par là que cette
séparation entre sujet et objet, apparue comme moment
fondateur de la modernité, (au sens où il s’agissait
d’émanciper la nature humaine) est aujourd’hui davantage
un argument d’autorité qu’une réalité.
Tout se passe comme si construisant la connaissance
d’une communauté de semblables, le scientifique
distinguait ceux qui y contribuent de ceux qui n’y
contribuent point, tout en restant aveugle à sa propre
posture face à ses semblables. Mais en vue d’asseoir une
forme d’autorité et de pouvoir sur eux. De son côté,
interrogeant cette question du pouvoir par le discours,
Isabelle Stengers[4],
(reprenant Max Weber) montre qu’il s’ s’agirait alors de
décrire l’activité passionnée du scientifique pour
comprendre son rapport au pouvoir. L’autorité de
compétence d’un chercheur n’exclut en rien sa part de
subjectivité. Tout scientifique s’adresse de fait à
d’autres sujets humains comme lui : ce qui le motive,
c’est la construction de liens autours d’objets. L’enjeu
du pouvoir au sein des communautés scientifiques renvoie
donc au débat politique.
Ce qui semble confirmé par la tradition de la
« raison oraculaire » du discours scientifique, de
l’ordre qu’il installe dans et autour de sa communauté
et des croyances que cette raison oraculaire génère. La
division et la classification des sciences (processus
qui s’est accéléré au cours des XIXè et XXè siécles)
répond-elle à une raison objective du point de vue des
disciplines ? Le contexte sociétal dans lequel elles
prennent place, les entraîne-t-elles vers une logique
utilitariste[5] qu’en son
temps Marcel Mauss dénonçait ? Y a-t-il comme le
souhaitaient les encyclopédistes pleine lumière en l’une
des sciences ? Ou au contraire toute construction
scientifique (aussi codée soit-elle) n’aspire-t-elle pas
à l’idée de clôture opérationnelle, de science « toute
puissante », de raison arraisonnée, manquante de la part
aveugle de celui ou celle qui l’énonce et la déclame.
Il y a bien là un objet qui fait obstacle, qui échappe,
au discours de la science. Formulé dans la seconde
moitié du XXè siècle autour du théorème d’incomplétude
de Gödel[6] (et c’est
encore un théorème), la science pousse donc le sujet à
ses limites. L’esprit libérateur, émancipateur, voire
subversif de la science serait donc, dans sa capacité à
amener le sujet à conjointement :
> mener la propre autocritique de son attitude
scientifique.
> accepter la dimension de point aveugle que constitue
sa posture au sein du champ.
> renoncer à l’idée de clôture du champ, dans lequel se
déploie son objet d’étude.
Les Sciences Sociales comme
plate-forme expérimentale de la connaissance de la
connaissance
«En effet la vie sociale exige que nous nous comportions
comme des machines triviales. Bien entendu, nous
n’agissons pas comme des purs automates, nous
recherchons des moyens non triviaux dès que nous
constatons que nous n’arrivons pas à nos fins »
(E.
Morin, Introduction à la pensée complexe, Paris, ESF,
1990)
Il s’agirait donc de chercher à recréer du lien (réel et
symbolique) là où la science emprunte une démarche
aveugle, mais surtout d’adopter un méta-point de vue
cherchant à réunir ce qui est séparé. S’inscrivant donc
radicalement dans le pari de la transdisciplinarité, en
vue d’une dé-territorialisation des connaissances, et la
construction d’un champ transversal aux disciplines, un
certain nombre de chercheurs en Sciences Humaines, issus
des pays dit « développés » comme des pays du Sud dit
« émergents », approfondissent conjointement leurs
démarches, en s’appuyant sur l’interactionnisme
méthodologique issu de Chicago après la seconde guerre
mondiale.. Pointant fort à propos l’impérialisme
historique des sciences européennes depuis 1492, ils
postulent que les connaissances et les savoirs circulent
et qu’ils s’hybrident au contact des déterminismes
culturels des territoires qu’ils traversent. Ayant en
quelque sorte « métissé » les modèles occidentaux
dominants, des paramètres culturels (conscients ou
inconscients) qui traversent leurs champs de pratiques,
ces chercheurs montrent conjointement que :
> le subjectif intervient dans le champs de la recherche
scientifique (exemple de l’analyse juridique du
dispositif européen de contrôle des flux migratoires
baptisé Schengen)[7]
> que ce même subjectif nourrit une culture d’ensemble
d’une communauté qui génère autant qu’elle transforme la
discipline qu’elle travaille.
> que le processus de routinisation des conduites et
comportements (A. Giddens) est un espace-temps repérable
par la science comme instance fondatrice de
constructions des systèmes et modèles.
Cherchant à traquer les conséquences non intentionnelles
de l’action (du sujet comme d’une institution), les
effets tant réflexifs que rétroactifs des connaissances
appliquées sur le champ social, ces chercheurs se
situent dans le paradigme de la complexité et du
constructivisme (Varela[8],
Atlan[9].
Rappelant que tout conflit des modèles de
construction de la réalité se traduit par des conflits
entre des institutions et des communautés, ils plaident
pour une « science subversive », réhabilitant le retour
de la subjectivité, tout en maintenant une exigence de
rigueur (opposée à tout dogmatisme) cherchant à inscrire
l’homme et son avenir au centre de leurs préoccupations.
C’est dans cette posture d’une attitude scientifique
cherchant à déceler « la nature
de la nature », « la vie de la vie », « la connaissance
de la connaissance » ainsi que « les vies et mœurs des
idées »[10]
que les chercheurs en Sciences Sociales pourront
dépasser les habituelles impasses de la discipline
atomisée pour enfin envisager les Réformes de la Pensée
nécessaires à la formation autant des enseignants que
des élèves.
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