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Les ouvriers de
Saint-Nazaire ou la Double vie
26 octobre 2019
Ouvriers de l'Ouest- II |
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1° Edition 1991 JR Lersco,
GIRI,- CNRS, titre les
ouvriers nazairiens ou la double
vie, in Ecomusée de
Saint-Nazaire, Saint-Nazaire et
la construction
navale. Réédition 2006, site
sociologie-cultures Actualisé,
exclusivement pour la partie
actuelle, depuis 2008 au fil de
l'histoire présente. Dernière
intervention 26 JANVIER 2015
-Edition web depuis 2006-2009 |
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www.lestamp.com/livre.ouvriers.de.l.ouest.jacky.reault.l.ouest.bouge.t.il.htm
POUR LIRE, SELECTIONNER si
nécessaire LES PASSAGES EN
BRILLANCE Variantes pour plus
de confort de lecture,
1°) sur ce site, Cliquer
ici ou 2°) réduite
à l'article sur le très
substantiel site référentiel du
LESTAMP par Jacky REAULT
1991 alors directeur du GIRI
CNRS Lersco 1971-1995, Giri
1984-1994, Lestamp ea Université
de Nantes 1995-2004, Lestamp
depuis 2004, Habiter-Pips UPJV
2008-2012 |
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Jacky Réault Janvier 2015 |
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Dernières
publications de Jacky
Réault co-fondateur du
Lersco Laboratoire
d'Etudes et de
Recherches Sociologiques
de la Classe Ouvrière
(1971), il a le premier
formulé la
conceptualisation des
"mondes ouvriers"
alternative à la
"classe" dans l'édition
du Colloque (1992)
Crises et Métamorphoses
ouvrières l'Harmattan
1995), que l'Encyclopedia
Universalis emprunte
sans citer ni redouter
l'anachronisme ; Il a
inscrit sur ce site en
2007 un autre article de
référence, "Les ouvriers
de la classe au
peuple", actualisé les
années suivantes...
Cliquer ici |
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GILETS JAUNES FEVRIER
2019 |
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LE SECTARISME DELETERE DES
"ZADISTES" DEBARQUE A
SAINT-NAZAIRE |
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"Politique et pouvoir : c’est
Dallas chez les Gilets jaunes de
Saint-Nazaire" Emprunté à Breizh-info.com
16/02/2019
06:13 |
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Après Saint-Brieuc et Dinan où
les référents élus des Gilets
jaunes ont été débarqués par
leurs troupes il y a quinze
jours, c’est maintenant
Saint-Nazaire qui connaît des
tensions entre Gilets jaunes. Un
homme a été molesté sur un
rond-point occupé. Au cœur du
problème : non un « différent
amoureux », comme l’ont trop
vite avancé des médias locaux,
mais des enjeux politiques et de
pouvoir.
Un communiqué de
la Maison du Peuple retrace un
incident survenu le 11 février :
« Dans la nuit du lundi 11
février, des faits d’une extrême
gravité se sont déroulés au sein
du mouvement des gilets jaunes
du bassin nazairien… Une femme
malheureusement bien connue du
mouvement est entrée dans la
cabane de l’Air Bleu,
accompagnée de 2 hommes de main,
de forte carrure appelés pour
l’occasion ainsi que de 2 autres
personnes. C’est dans le cadre
chaleureux et familial de la
cabane de l’Air Bleu, que ces
individus se sont rués par
surprise sur l’un des gilets
jaunes présents, l’ont traîné au
sol, et l’ont roué de coups. Les
personnes qui ont tenté de
s’interposer se sont vues elles
aussi molestées. Les victimes
cumulent aujourd’hui plus d’une
dizaine de jours d’ITT ».
Au coeur du problème, non un
« différent amoureux » comme l’a
vite avancé la presse locale,
mais des enjeux réels de
politiques et de pouvoir. « Les
gilets jaunes de Saint-Nazaire
sont divisés en trois groupes –
la maison du peuple, de tendance
plutôt zadiste, proche de ceux
qui ont été récemment arrêtés
pour séquestration et violences
en réunion – qui ont signé avec
la Préfecture et ont des projets
agricoles, les Gilets jaunes de
Philippe Kerloch, qui sont en
association et sont proches de
la CGT, et ceux des
ronds-points, plus proches de la
base – des ouvriers et artisans
nettement moins politisés et
s’ils le sont, moins à gauche »,
nous explique un Gilet jaune
mobilisé depuis le 17 novembre à
Saint-Nazaire.
« En réalité, si la Maison du
Peuple est très visible et
qu’elle parle au nom des Gilets
jaunes nazairiens, elle ne
représente rien qu’elle même.
Certains de ses occupants sont
sur les ronds-points, ils
contrôlent celui de Trignac
qu’ils n’occupent pas du reste,
et ça se passe de plus en plus
mal tant avec les Gilets jaunes
de base qu’avec ceux de Philippe
Kerloch ». La Maison du Peuple a
du reste annoncé ce samedi à
partir de 8 heures la
construction d’une nouvelle
cabane.
Au sein de la Maison du Peuple,
la situation s’est aussi tendue
ces dernières semaines : « on a
vu apparaître des commissaires
politiques, qui décident qui a
le droit de cité et qui peut
parler, qui traquent les fachos
dans toutes les paroles, qui
décident en petit comité des
actions. Très proches du
mouvement zadiste, ils sont
allés à Commercy [à l’assemblée
des assemblées], un événement
aussi très proche des zadistes,
et ont annoncé qu’ils
organisaient la seconde édition.
Moyennant quoi il y a de moins
en moins de monde à la maison du
Peuple ».
Bien qu’ils squattent un
bâtiment, les pouvoirs publics
semblent vouloir attendre que le
mouvement meure de lui-même
plutôt que de les expulser au
risque de les
requinquer. Pendant ce temps
les relations continuent de se
tendre entre la Maison du Peuple
et la CGT, mais aussi entre la
maison du Peuple et diverses
personnes qui essaient
d’accaparer le pouvoir… ou en
ont tout simplement marre que
l’on parle en leur nom et à leur
place.
« Les Gilets jaunes étaient un
mouvement contre le poids de
l’impôt, pour qu’on écoute les
volontés du peuple et pour
libérer les citoyens. Résultat
on se retrouve avec un grand
débat inutile qui va déboucher
sur des hausses d’impôts, et des
commissaires politiques qui
décident tout à notre place et
préfèrent la violence inutile en
manif à l’action réelle pour le
peuple », constate un Gilet
jaune nazairien. « Ils
voudraient tuer le mouvement ou
désespérer les gens qu’ils ne
s’y prendraient pas mieux, car
les causes du mécontentement
sont intactes ».
Breizh-info.com, 2019,
dépêches libres de copie et de
diffusion sous réserve de
mention et de lien vers la
source d’origine
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LES VOEUX DU LESTAMP
POUR 2019 |
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Guillaume Budé par Jean
Clouet, extraction des mains
JR janvier 2019 |
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EROS ET LIBERTE |
Trois essais de sociologie et
d'histoire.
Paris Le Manuscrit 2014 avec J
Deniot... Cliquer sur les
images |
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A Nantes à l'Université de 1968
à 2008, De Nicos Poulantzsas à
Cornelius Castoriadis, deux
ponctuations grecques grecques
d'un itinéraire sociologique en
France à Nantes (1968-2009). in
A Mouchtouris, P Christias, Actualité
de la pensée grecque. Paris Le
Manuscrit 2014 |
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Pourquoi Saint-Nazaire
s’en sort bien malgré la crise ? |
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Thierry
HAMEAU Ouest-France –Commentaire
(édité) de Jacky REAULT. Modifié
le 11/09/2017 à 12:36 | Publié
le 11/09/2017 à 07:44 - 1
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Symbole du dynamisme observé
sur le territoire, la jeune
usine de générateurs d’éoliennes
(General Electric) Ouest-France
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Thierry HAMEAU
Ouest-France |
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Adossé à Nantes, Saint-Nazaire
est le seul bassin industriel
français en vraie croissance
depuis la crise. Que signifie
l’économie bleue ? Quels sont
les atouts nazairiens ? Un débat
tente de répondre à ces
questions mardi 12 septembre.
« Saint-Nazaire avec
Nantes, c’est l’économie
maritime la plus dynamique de
France, estime Paul Tourret, de
l’Institut supérieur d’économie
maritime Nantes
Saint-Nazaire. On a un port
ouvert sur le monde, un gros
constructeur naval, une filière
des énergies marines (éoliennes)
en plein développement. J’ai
calculé, cela représente
9 000 emplois directs. »10 % de
l’économie bleue en France !
Pourquoi cette santé ? « Le
fondement historique de
Saint-Nazaire, c’est le port et
la construction navale qui sont
arrivés en 1857. Un ADN que le
territoire a toujours su
entretenir. »
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Clé à molette et matière
grise |
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Ici, avec Nantes à côté, on
préserve la compétence à la fois
des cols bleus et des cols
blancs :« C’est l’équilibre
entre la clé à molette et la
matière grise », poursuit
l’intervenant de la soirée de
demain sur la croissance bleue.
Certains grands acteurs ont
conscience de cette force du
territoire, mais pas
tous : « Alstom, qui avait
quitté Saint-Nazaire il y a
quelques années, a choisi d’y
revenir pour les EMR. Ce n’est
pas un hasard. » Airbus passe
par le port de Saint-Nazaire
pour ses solutions logistiques.
Autre atout : la
réactivité et la capacité
d’innovation. « L’économie bleue
promet du futur si on est
capable de s’interroger en
permanence. Saint-Nazaire, c’est
100 % d’international et de
compétition. » Le chantier naval
a su développer le concept
d’usine intelligente. Avec les
collectivités locales, un
quartier du port est aussi en
pleine transformation pour
répondre aux besoins des
industriels.
« Nous
sommes un territoire
naturellement fort, mais
pourtant pas assez reconnu au
niveau national, nuance Paul
Tourret. Vu de Paris,
Saint-Nazaire est une première
zone de construction navale, en
restant une seconde zone
portuaire. » Un sujet sur lequel
il faut travailler. « Le Havre
s’est développé avec les
entreprises installées le long
de la Seine, même chose pour
Marseille et le Rhône. »
L’arrière-pays économique de
Nantes Saint-Nazaire ne
travaille pas encore assez avec
son port. Mais ça change peu à
peu. Le terminal roulier (qui
accueille tout ce qui roule)
s’est développé et subit une
vraie montée en puissance.
D’autres quais ont été rallongés
pour accueillir de plus grands
navires. « Ce qui manque
aujourd’hui, c’est peut-être de
grands entrepôts logistiques et
portuaires. À Marseille, ça
représente 5 000 emplois, et
peut-être 3 000 au Havre. » |
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Commentaires
Jacky.reault 11/09/2017 - 18:03
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Seuls ceux qui ne veulent pas
comprendre que la transmission,
(malgré l'incurie ou la
malveillance des politiques
accompagnant la
désindustrialisation) d'une
véritable culture industrielle
polytechnique constitue le seul
atout de survie dans
l'euro-mondialisation, peuvent
être étonnés de cet apparent
miracle nazairien, par ailleurs
multiplié par la valorisation
(si mal aimée également des
post-politiques), du trésor du
potentiel marin de la France.
Ici ce sont les
salariés, ouvriers techniciens
et ingénieurs, qui, malgré, les
sirènes nanto-estuariennes de
"culture" d'Etat et de tourisme,
ont maintenu cette ultime île
des Trente Glorieuses dans notre
pays. à laquelle tous les
candidats présidentiels se
croient encore obligés de faire
signe en passant. Cependant, il
serait un plus conséquent, du
point de vue de la vérité, de ne
pas oublier que toute cette
maintenance historique résistant
à l'euro-mondialisation, et à la
désouverainisation de la France,
reste précaire et peut basculer
si ce qui reste d'Etat-nation
finit par s'incliner sur
l'exigence de mise en
concurrence bruxelloise.
En clair, si l'Etat accepte
de brader la souveraineté sur la
compétence et la technicité de
niveau mondial. En l'occurrence,
c'est (provisoirement) en Italie
que se joue le sort de toutes
ces belles perspectives, et
peut-être celui d'un dernier
espoir de sauvegarde des bases
économiques de la France, si ce
dernier maillon à la fois
symbolique et si réel, venait à
céder. Bref un appel à la plus
extrême vigilance doit
accompagner cet optimisme par
trop unilatéral quoique dans
l'instant, mais dans l'instant
seul, justifié (Lestamp).. 1°) |
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A Propos de |
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Les ouvriers de Saint-Nazaire ou
la double vie - Ouvriers de
l'Ouest -2 Workers of
Saint-Nazaire in France or a
double life West or
France'Workers |
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De l'ex classe ouvrière à
l'histoire et sociologie de la
prolétarisation
(achevée/inachevée), de la
déprolétarisation et des
acculturations populaires dans
un milieu historique localisé,
l'aire d'emploi nazairienne dans
la Basse Loire
Nantes-Saint-Nazaire au sein
des sociétés de l'ouest
français. Ce concept
Siegfriedien a été ré-élaboré
par Jacky Réault et donné comme
cadre à son premier grand texte
publié, resté seul en son genre,
une sociologie spatialisée des
mobilisations ouvrières tant
privatives que collectives,,
dans l'Ouest de la
Contre-révolution, devenu celui
de l'accumulation primitive
continue (Claude Meillassoux) du
capital lors des Trente
Glorieuses. Jacky
Réault Ouvriers de l'Ouest, In
ATP CNRS, L'Ouest bouge-t-il ?
... Nantes A Vivant, 1983 Cliquer
ici |
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Article de référence sur le
relatif temps long y compris
actuel nazairien, français et
mondial, depuis sa première
édition papier en 1991,
épuisée, "Les ouvriers
nazairiens ou la double vie"
est depuis en réédition revue
et complétée en 2006 sur www.sociologie-cultures.com , tant
sur les notes documentaires que
sur les transformations des
luttes sociales, le
néo-municipalisme et
l'intégration à l'estuaire
culturel et politique d'une
féodalisation centrée sur Nantes
via l'estuaire de son aire
d'hégémonie rampante sous le
pouvoir socialiste.
Il
doit être lu dans le fil
d'Ouvriers de l'Ouest, la
première et plus vaste synthèse
régionale sur la pluralité des
milieux ouvriers dans l'espace
français, accueilli par Pierre
Naville qui y voit l'amorce
d'une étude "en réseau"
reléguant les entités
désubstantialisées, notamment
l'usine et de fait la "classe".
Il a été été intégré dans les
grands ouvrages devenus
"classiques", de Bernard Kayser.
La Renaissance
rurale, Michel
Phliponneau in Yves
Lacoste, Géopolitique des
régions françaises, Gérard
Noiriel, Les ouvriers dans la
société française, voire, plus
allusivement, voire plus
allusivement, Bernadette
Bucher, Descendants de Chouans
Histoire et culture populaire
dans la Vendée contemporaine, et
très explicitement dans la
sociologie politique des
Briérons de Julian Mishi.
Ouvriers de l'Ouest, seule
mention régionale de référence
dans l'article canonique
de Michel Verret, Regard sur
l'histoire de la sociologie
ouvrière française, Politix n°
13 1990. réédité par Persée est
utilisé et référé, (sinon admis
dans sa critique d'un concept de
classe réduit aux rapports de
production), dans les trois
livres classiques du fondateur
du Lersco, autour de l'Ouvrier
français comme dans son
recueil Chevilles ouvrières.
Une actualisation
permanente de Les ouvriers
nazairiens ou la double
vie (Ecomusée de
Saint-Nazaire, Saint-Nazaire et
la construction navale. 1991)-
Réédité en l'état en 2006 sur ce
site et périodiquement
actualisé. Voir, par exemple, la
note [1] et
la note [50]
...et sur Nantes, pour lire
aussi de J Réault, Nantes,
l'excès la ville un essai
d'identification,
Cliquer ici News actualisées
au 12 avril 2014, lire in fine. |
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Les ouvriers
de Saint-Nazaire
ou la double vie
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L'Histoire
ouvrière nazairienne pourquoi ne
pas la lire hégélienne ? |
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[1] (mars 2014) N'y aurait-il
qu'un Napoléon à cheval qui
fascina le philosophe allemand
d'une raison historique quasi
divinisée, pour incarner ici ou
là l'esprit sinon du monde pour
le moins de peuples divers ? De
la "politique du peuple" dans
une de ses grandes patries
universelles, la France, la
geste nazairienne fut en
certains moments (1955) la
vibrante métonymie et demeure en
2013 encore vivante et
normative, toujours bien offerte
à une lecture réflexive et même
pour tous, visible, sous réserve
qu'on ne l'affuble pas des
attributs d'identification
idéologique des âges révolus et
des novlangs d'artifice de
représentants post-politiques
survivants et soumis au mauvais
"temps du monde".
Cette
histoire manifeste en France une
des rares forces sociales en
milieu historiques concret, en
réserve peut-être de l'histoire
nationale comme elle le fut
pendant les Trente Glorieuses,
par la quelle on peut dire que
notre société malade de
l'euro-mondialisation, garde
encore aux yeux du monde, des
flambeaux non éteints des
producteurs directs encore
sujets de l'histoire, en tout
cas de la leur et, de facto, de
la notre, si résistant à
l'identité négative active de
nos représentants depuis 1984,
le peuple de France parvient à
rester dans l'histoire. JR 24
mars 2014]
[1991] A chaque grand moment,
chaque marée
d’industrialisation, domine
l’esprit d’un des trois peuples
ouvriers qui la constituent, se
référant en frontières mouvantes
à deux grands blocs culturels
sous l’égide arbitrale d’un
centre autoritaire personnalisé,
la magistrature singulière du
maire de Saint-Nazaire entre
coutume et institution. La
survie culturelle de chaque
peuple alors que son moment de
scène historique est passé,
leurs conjonctions en
mobilisations unitaires ou
polarisées, constituent sur
fond territorial d’intense
insularité mentale, la
spécificité nazairienne. Son
milieu intelligible n’est pas la
ville qui en constitue la scène
mais un pays invisible manifesté
en gestes épiques dans
l'après-guerre, que résume la
conquête d'une toison d'or en
été 1955, découvert
statistiquement en 1967 comme
aire d’emploi, au tournant
récessif des Trente Glorieuses
engendrant la mondialisation.
L'espace temps du
Saint-Nazaire d'aujourd'hui,
plus agrippé que jamais à ce que
les soumis du consensus de 1984
laissent subsister de République
française, est celui de la
grande crise explosée à
l'automne 2008, celle du
recentrage du monde, de la
désouverainisation des peuples
par les financiers et l'appareil
européen, du retour violent de
la prolétarisation de par la
cruauté sociale de la
normalisation Verte, vecteur
cynique de l'expropriation
tendancielle, de la propriété
populaire.
Plus que
jamais les peuples ouvriers de
Saint-Nazaire types vivants de
la prolétarisation sans fin
recommencée qu'engendre
désormais dans la pire
brutalité, la mondialisation,
offrent le prisme idéal pour
décrypter, et toujours avec ce
concept que nous avons promu
depuis 1977, le devenir des
sociétés humaines considérées
(ce qui ne les épuise évidemment
pas) sous l'angle de "Sociétés
de la mondialisation", J.
Deniot, J. Réault, LCA
Performance Paris 2007.
Jacky Réault 1991, revu 6
janvier 2011 |
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Première édition Ecomusée de
Saint-Nazaire1991 épuisée |
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Penser les ouvriers nazairiens
exclut d’entrée de penser
simple ; nous n’offrirons ici
aucune munition pour aucun camp
! Trop d’idées toutes faites
trop d’histoires de convention
très contrôlées assaillent, trop
de mémoires heureusement
communes, plurielles mais
surtout vivantes : ni 1984,
scission de la gauche et de la
nation de 1789 ni 1991 implosion
ici indolore de l'URSS, ni 1992,
asservissement à
l'artefact-Europe, ni 2005 sa
reprise démocratique aussitôt
trahie ne sont ici fin de le
l'histoire ! Et d'ailleurs la
suite des Sept boules de cristal
n'est-elle pas Le temple du
soleil ? Octobre 2016, Hergé via
Ouest-France... Inépuisables
...
Certes c’est par la
ville site de ses géants
chantiers[2a] qu’on les nomme ;
elle fut leur seule "scène
nationale", leur matrice
unificatrice. C’est dans ses
rues qu’affluent et dans ses
places que se concentrent,
visiblement et cycliquement, les
multitudes ouvrières qu’attirent
encore en 2009, ( quand se rue
au galop le fléau prédateur de
la crise des crise), ses doubles
chantiers de l’air, de l’eau...
Celui du feu de la forge est
mort à Trignac en janvier 1932
mais il engendra ce feu humain
qui brule encore «marche (dite)
de la faim » des ouvriers
nazairiens qui, le 23 janvier
1933[2b], atteint sans
gagner, Nantes, - vu d'ici,
trop ou trop peu "chef"-lieu de
cette pourtant si populaire
république des départements de
1789. Ne fallut-il pas six mois
pour qu'arrive la commande d'un
nouveau navire.
Et tant
qu'il y aura une république
française un tant soi peu
souveraine un nouveau navire
viendra encore. La crise en
cours sera de ce point de vue le
moment de vérité. Régulièrement
Nicolas Sarkozy soi-même croit
devoir venir y réaffirmer
l'antique contrat. C’est dans la
ville que siègent, longtemps et
encore temple de la République,
la Mairie arbitrale, la Bourse
du Travail, les Unions Locales,
centres de conquête de l’aire et
un, -devenu si improbable en
2008- encore Centre de culture
populaire toujours géré par des
militants syndicalistes que
la dite Deuxième gauche n'a pu
libéraliser ?.Certes il fallut
deux générations pour que le
tissu urbain reconstruit à la
soviétique et tournant le dos à
la mer retrouve quelque peu une
vie urbaine charnelle et dense
quoique les cafés populaires
aient en grande partie laissé
place aux espaces neutralisés et
musicalement mondialisés de la
moyenne jeunesse urbaine.
C’est là cependant qu’une
monadique mais encore classe
ouvrière, comme séparée d'une
société qui l'a reléguée au
musée social, ordinairement
virtuelle hors l’usine ou le
chantier, se donne brusquement à
voir en immenses messes
unitaires de rue, - réassurance
rituelle face à l’Etat, au
patron à l’hydre des
sous-traitants, à la
mondialisation - ; mais elle
sait encore s’y ranger aussi en
ordre de batailles, épopées de
rue et d’usines où excellent
(aient ?) des multitudes
viriles : Culture de fierté et
de force chez les hommes
assemblés dans cet Ouest de la
dispersion bocagère : précieuse
survivance ! C’est par
définition la ville-commune,
peut-être pourrait-on dire la
commune ville, espace du
rassemblement comme le fut si
longtemps l'Eglise, pour la
dispersion bocagère des hameaux
de l'ouest (Ch. Tilly, The
Vendée), qui permit
l’institution de cette fonction
municipaliste, sans doute
d'abord plus corporatiste que
tribunitienne, du maire-notable
populaire du temps du
bordereau[3a] et peut-être
encore par réminiscence sourde,
de la mairie mutante
d’aujourd’hui, fascinée par
Nantes, la dépopularisée[3b].
Mais la mairie
s'abolirait-elle dans
l'estuaire cultureux d'une
agglomération néo-féodale
"européenne", que l'espace de la
ville resterait, les jours de
manifestation, le propre des
peuples de l'aire. Le propre
c'est, ici comme partout où
subsiste, (à l'encontre d'un
nomadisme de grands
urbains mondialisés), le lien
de collectifs travailleurs, de
groupes domestiques et lignagers
et de territoires, pour
des politiques du peuple ( R.
Dupuy), voire pour cette
étonnante et multiséculaire
culture historique de
la rébellion française (J.
Nicolas), une victoire du lieu
sur le temps (Michel de Certeau,
cité par J Deniot&J Réault,
Préface à Espaces, temps et
territoires. Lestamp-Edition
Nantes mai 2010.)
C’est
pourtant de plus large que de
cette ville très moyenne mais
jamais médiocre que l’on va
parler ici et que résume
joliment un vocable identifiant
emprunté à l’espace on l’on
battait le blé,* l’aire. L'aire
de la force féconde dénotant
l'aigle autant que le blé, et
non le bassin (de vie d'emploi)
dont on suit la pente vers le
bas, formule qui l'a emporté en
un temps où la culture est
plutôt hantée par Big Mother (M
Schneider). Le syntagme aire
d’emploi est né d’un temps
historiquement unique (l’apogée
des Trente Glorieuses) où le
travailleur libre[4] se sait
encore par définition
« précaire » ce qui n'est pas
forcément triste, c'est
l'attribut ambivalent du
salariat, mais il se sait
peut-être plus encore
ici empaysé (J R 2004).
Il éprouve donc
contradictoirement que sa
liberté est l’unité tenue de
tout un complexe de
déterminations à la fois
organiques et séparées. La
première est évidemment le
salariat même, son fragile lien
(d’emploi) y compris sa capacité
de le délier lui même en
licenciant son patron, en détail
les jours de grève ou en gros
quand joue dans le haut des
cycles Kondratieff, et à son
avantage, la tension du marché
du travail. La seconde est la
paradoxale garantie d'un Etat à
la fois combattu (l'anarchisme
de l’ambivalent « bocage
mental » de l'ouest) et toujours
sollicité pour civiliser les
contrats léonins par un plus ou
moins quasi-droit. La troisième,
irréductible à l’idéologie
marxiste ( sauf à y introduire
l'anthropologie braudélienne de
Claude Meillassoux), est
l'assurance palpable, quand il
le peut, d'un patrimoine
familial et lignager sauvegardé
ou reconquis dans des
emboitements de territoires qui
font pays.
Le
"prolétaire" aussi réel qu’
inachevable a beaucoup de
patries contrairement à son
congénère idéel du Manifeste
communiste. Tout cela fait
beaucoup de réels mêlés pour les
manuels prémâchés d'une pseudo
Science Economique et Sociale.
Cette dense réalité là est
décidément insupportable et
globalement hors d'atteinte même
d'une authentique sociologie
devenue disciplinaire et
"undercontrol" de quelques clans
au savoir achevé.
Les travailleurs libres d'ici
pratiquent sans fin ces
contradictions qui sont la
dynamique même de leur vie et du
rapport de leur vie à leur
travail. Pas étonnant qu’ils se
divisent en plusieurs pensées et
qu’il se divisent eux-mêmes et
parfois contre eux mêmes, pour
ne se retrouver que dans
d’exceptionnelles mais si
puissantes retrouvailles
collectives !
Ce n’est
pas la ville qui les a seule
engendrés par quelque
parthénogénèse mais ces pays si
divers entre terre mer et
fleuve, Presqu’île guérandaise,
Pays de Retz, confins de Nantes
aux bords du sillon de
Bretagne ; c’est de là que sourd
(ent) la vie (les vies) diverse
(s) qui les ont modelés. La
ville-scène-de-jour, ne les
connaît que comme un vaste chœur
qui ne serait même plus la
métonymie du démos mais sa seule
réalisation cyclique et
rituelle, d’où la tentation
d’insularité mentale que cultive
encore la forte sous-culture,
aristocratique, celle-là, de
l'anarcho-syndicalisme en ses
métamorphoses contemporaines. Et
pourtant, si la « ville
ouvrière », « la capitale (avec
Nantes alors) de la contestation
sociale », fut promue scène
nationale des luttes sociales
des années 50 et 70
n’est-ce pourtant pas surtout
par la geste fondatrice (1955)
de bataillons juvéniles en vies
et solidarités villageoises
encore vivantes[5], les soudeurs
ruraux, arrivés de la dernière
pluie.
Les ouvriers
nazairiens d’aujourd’hui
toujours nombreux - tout l'Ouest
de "l'accumulation primitive
continue" (Meillassoux 1975) a
vu croître le nombre d'ouvriers
du temps même de la
mondialisation - baignant
toujours, fait exceptionnel en
France à cette échelle, dans
leurs propres traditions et
cultivant leurs propres
mémoires. Ils travaillent et
surtout vivent plus que jamais
dans la dispersion, entre
Pontchâteau, Donges et Paimbœuf.
Moins urbains par le travail,
ils habitent toujours moins la
ville même mais toujours plus
ses périphéries.
D’origine Saint-Nazaire est
habituée à mourir un peu chaque
soir, mais désormais, à l’ère de
la mondialisation, et comme
toutes les autres, la ville tend
toujours plus à refouler ses
peuples hors ses murs à
l'instar des media qui les
refoulent dans le néant et des
oligarchies continentales et
mondiales qui prétendent les
abolir comme mode, avec leurs
femmes "employées" du peuple
social et comme producteurs
directs de biens et services,
noyau dur avec les paysans et
les artisans, d'une nation
souveraine. Au moins
Saint-Nazaire-ville si enracinée
dans un bout du monde si
matériellement présent de mer de
fleuve et de roc, restée
industrielle et ouvrière,
échappe encore à l’insupportable
arrogance des
bobos[6] déterritorialisés qui
se sont appropriés les capitales
y compris celle des Pays de
Loire[7], même si les derniers
infléchissements de la mairie
donnent l’impression d’un
affadissement d’une imitation de
l’exemple nantais qui tendrait à
ne plus proposer
d’identification collective que
celle très déréalisée que se
donnent partout les hauteurs
des "classes culturelles" (E.
Todd,
L'illusion
économique, PUF 1997) qui
restent maîtresses des centres
villes. A Saint-Nazaire l’heure
est cependant loin d’être venue
où la vie publique et les
respirations de l'imaginaire,
pourraient ignorer qu’elles
doivent toujours compter avec
les « politiques de
peuples »[8a] toujours latentes
et prêtes à resurgir parmi ces
derniers créateurs d'univers que
sont les constructeurs de
maisons de bateaux et d'avions.
Dans les moments de crise
intense, telle celle qu'a
engendré le carnage de la
passerelle du Queen Mary II le
15 novembre 2003, par l'unité et
la coloration de l'émotion qui
entoure les gens de la navale,
c'est empiriquement un bloc
populaire, social et sociétal
(accrochant au noyau travailleur
les valeurs communes) qui
s'affirme, comme d'ailleurs
quand revient la très grande
crise et l'extrême péril en
janvier et mars 2009[8b].
Capitale de cette aire salariée
ouvrière et rurale,
Saint-Nazaire ne deviendra pas
si facilement cette
Saint-Nazaire sur mer, ilot
"branché" de l'archipel d'un
déclinant mais prédateur Etat
culturel asservi à l'idéologie
de la mondialisation.
La navale au cœur
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La Navale nazairienne, cette
industrie par excellence, celle
qui engendre le seul monde
complet autosuffisant à
l'exception de la planète, le
navire, et que célébrait
l'ouvrage aussi immédiatement
référentiel que vite enterré par
les notables - Saint-Nazaire et
la construction navale- où
s'inscrit à son origine cet
essai, symboliserait leur
unité ? Mais quelle assemblée de
peuples désassortis que le soir
disperse entre Vilaine et Vendée
au delà des deux ponts si beaux
et qui enjambent si large qu’on
est, les ayant franchis, dans
des au-delà qu’aucune annexion
ne menace, construits qu’ils
sont entre mythe et histoire
dans l’imaginaire[9]!
Quelle armée ouvrière fut plus
divisée contre elle-même,
inégalitaire, si peu citadine,
quoiqu'elle ait fait récemment,
et ceci contradictoirement aussi
grâce à son ambivalent dernier
maire, d'évidents progrès :
L’usine de la ville, celle des
producteurs citadins désormais
si intriqués de l’économie du
savoir, ingénieurs techniciens
ouvriers, c’est l’aviation,
l’actuelle Airbus industrie
avatar provisoire de la
virtuelle Europe[10], mais si
enracinée aussi dans la ville,
le territoire et l’État
français. Reste que si les
effectifs de la Navale fondent
lentement, ni le pétrole ni la
chimie ou même l’Aérospatiale ne
modèlent toujours en 2008 aussi
large territoire de vie quand le
travailleur rentre chez lui.
Le salarié modal résiste à
la lénifiante et confuse
"tertiarisation", prêt à penser
globalisant des manuels
scolaires ; il reste ouvrier,
et l’ouvrier modal est toujours
le « métallo » masculin qualifié
quoique toujours plus imprégné
de sciences et de
techniques[11a]. Penhoët ! Le
sanctuaire du métallo est
peut-être encore le Chantier
naval si fortement nommé par le
sonore vocable breton intégré
dans ce tissu vivant, borderline
entre la terre et l’eau, de la
métallurgie d’après Vulcain,
celle des constructeurs de
mondes. Penhoët est encore le
sujet historique flamboyant de
1932, 1936, 1955, 1967, etc. ,
où travaillent soixante pour
cent encore de cette improbable
classe-ouvrière-cyclique
anachronique et contemporaine,
si intense dans ses brusques et
aléatoires renaissances quand
elle se manifeste apparemment à
contre histoire et se fait, ce
faisant, de temps en temps,
l’histoire même.[11b].
Pas plus que la forme de la
ville ni même la forme utérine
où naissent les navires, le seul
travail ouvrier ne résume les
vies ouvrières séparées et
communautaires, les vraies vies
qui intègrent ce travail à leurs
propres fins, dessinant des
territoires variés. L’expression
moderne d’aire d’emploi les
condense en les trahissant.
L’offre d’emploi centralisée, le
marché les unifièrent, mais il
les voile : Sous l’aire une
poignée de cantons des dizaines
de communes[12a] où les ouvriers
restent, - ce qui n’est plus le
cas de la ville, majoritaires,
n’en finissent pas d’exister
pour eux mêmes.
Sur ces
fiefs ficelés par le réseau de
transports, sur les travaux
divers de l’industrie tant
unifiant que diviseurs, une
geste ouvrière historique
unifiée, s’est faite mémoire,
institutions, rites, identité
ouvrière voire, on l’a suggéré,
ouvriériste, mais en plus, pas à
la place, d’autres identités.
Le mode capitaliste de
production n’a pas détruit
leurs propres modes de
reproduction.[12b] A l’inverse,
leurs manières d’être en
villages, en lignages, sur
leurs terres et sous leur toit
colorent leurs actions de
classe. Grèves, votes,
appartenances, jusqu’aux
ficelles des métiers ne sont
déductibles de la seule usine,
ou du travail salarié.
L’aire est quasi-organisme
Centre et périphérie. Sur une
vaste marge rurale et rurbaine,
des travailleurs libres à la
fois salariés et petits
possédants. Doubles donc.
Collectivistes et libéraux,
autonomistes forcenés et
nostalgiques de communautés
fusionnelles. Au centre
s’installe d’abord le premier,
un peuple sans héritage, sans
maison, sans qualification
souvent, entre le port, Méan et
un glacis asséché de la Brière,
Trignac. En 1991, -en 2006 plus
encore ?-, il reste plus
dépossédé. Plus habile à
l’action collective qu’aux
stratégies privées, il à bien du
mal à conserver simplement
l’emploi.
Marquée par ce
premier peuple prolétarien, peu
consensuel mais égalitaire, et
par l’aristocratie d’hommes de
métier moins consensuels encore,
la ville[13a] ne devint centre
d’un consensus de classe et pas
seulement de coexistence commune
que tardivement quand la loi
impose la trinité syndicale,
emblème ici de ses trois
peuples, contre l’ancien
monopole des professionnels puis
du bloc laïc. Le monopole
municipal céda plus tard encore,
il y fallut la guerre,
l’occupation, la Poche…. Si elle
offrit ses rues à l’intense et
précaire unité de ces
peuples, le sujet de l’histoire
nazairienne n’est pas sous le
pavé urbain mais dans les
arcanes fluviaux maritimes
maraichins et bocagers de toute
l’aire ; c’est là qu’il faut
creuser. |
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Cet article bat le rappel
des trois formes de vie ouvrière
engendrées par l'histoire
industrielle moderne au sein des
trois "peuples" de l'aire sous
ce qui risquerait de devenir
l’histoire sainte d’une seule
classe qui n'eut jamais ici les
mêmes formes et les mêmes modes
de vie. [13b] Trois peuples,
trois territoires, trois fils
historiques et deux blocs
culturels. Voila pour tant de
moments singuliers résultantes
de leurs enlacements ou
affrontements entre eux et avec
"le temps du monde", comme avec
"l'identité de la France"
(Braudel et Braudel), nos clés.
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Double vie ? |
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La vie entre deux monde, le pays
le villages, le domaine
domestique versus l'intense
univers productif et l'espace
public de sa ville. La logique
séparée privative d’un côté, le
travail industriel concentré, la
logique socialisée collective,
de l’autre. Champions de la
Double vie, les briérons puis
les dépaysannés de l’Expansion.
Simple vie ? Le premier peuple
ouvrier de l’estuaire est plus
moniste par sa nudité
prolétarienne à Saint-Nazaire,
sinon à Trignac où il redevint
villageois et
tardivement accédant. |
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Trois peuples ouvriers
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- Des hommes dépourvus de biens
et de métier, des deux fois
prolétaires donc, prolétaires
achevés dans notre typologie -
citadins de Saint-Nazaire ou néo
villageois de Trignac, de
culture laïque, bleus puis
rouges, puis.... voila
le premier peuple, plutôt seul,
le plus proche d'une classe
ouvrière assimilée à un
prolétariat réduit aux
ressources du salaire voire,
dans la vie pavillonnaire
trignacaise au travail
domestique plus ou moins des
deux sexes. |
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- Des hommes encore,
mais professionnels qualifiés
citadins, laïcs aussi, bleus
jamais très rouges longtemps
hégémoniques, rejoints par ces
briérons double possédants,
entre ville et îles, du métier
et de la terre : C’est le
deuxième peuple, il connait la
promotion scolaire et croise la
militance qu'engendra l'école
publique,
plus peuple que classe sauf
souvent verbalement plus classe
que moyen sauf à penser comme
l'essentiel du peuple
sociétal, le vaste volant de
pérennité que doit défendre sans
fin le travail paysan puis le
salaire précairement
patrimonialisés. |
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- Des hommes et des femmes,
ruraux apparemment sans qualité,
dépaysannés des années, Trente
déjà mais surtout des Trente
Glorieuses (1944-1974)[14], le
troisième peuple encore immergé
dans la terre, liée aux lignages
paysans, longtemps relié par les
paroisses, il s’abolirait
lentement dans les précédents si
son mouvement n’avait
institutionnalisé une autre
culture, via le syndicat
« chrétien » qui aida leurs
passages, introduisant en le
civilisant le dualisme de
l’Ouest d’après 1793 dans le
mouvement ouvrier. Double
dualisme de la religion et de la
propriété: antithèse du premier
peuple, prolétaire inachevé (?)
Et par-dessus (ou par
dessous) tout ça deux socles de
symboles deux blocs culturels.
On dira par
convention bloc chrétien (ou
mieux catho), bloc laïc, guerre
civile pacifiée en interaction
devenu mutuellement
civilisatrice. |
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DOUBLE VIE DOUBLE
CULTURE ? |
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Bloc catho et bloc laïc |
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En 1936 encore, sous la bannière
républicaine et laïque, les deux
premiers peuples semblent
culturellement n’en faire qu’un,
s’opposant en bloc au monde
paroissial et rural dont maints
enfants sont déjà dans l’usine,
mais un peu à l’écart. Ils sont
exclus du mouvement ouvrier
surtout s’ils veulent s’y
intégrer à leur manière, via
le syndicat chrétien, mais
jusque dans les années 50 en
passant sans façon mais non sans
traces langagières, par les
paroisses catholiques,
confirmant ainsi, plus que par
leurs stigmates linguistiques et
comportementaux ruraux, leur
soumission sur la terre des
prêtres et des marquis. L’isolat
nazairien pousse à l’extrême ce
dualisme de Guerre civile froide
de l’Ouest post-vendéen.
La C.F.T.C. se nourrit
certes du réseau paroissial mais
comme à Saint-Etienne vise aussi
dans l'usine même, les oubliés
d'une conscience de classe sous
l'hégémonie aristocratique des
métiers sinon de l'avant-garde
communiste: manœuvres, ruraux,
soudeurs, ... jusqu’aux aux
femmes, femmes de ménages ou
pontonnières. Le discours du
militant ouvrier chrétien,
personnaliste, solidariste et
par les ouvriers plus que par
les employés, populaire, est en
porte-à-faux avec la doctrine
collaborationniste voire
libérale de la confédération
liée à l'Eglise. Contre le
monopole de la C.G.T., et de
facto souvent à côté du militant
C.G.T.U. qui l'effraie mais le
fascine, il intègre nolens
volens, l'esprit de
revendication et se frotte
pratiquement à la lutte de
classe. Ce vocable longtemps
honni, qui prendra un goût si
troublant de transgression
permise lorsque entre Vatican II
et la signature du Programme
commun de la gauche, il sera
surinvesti via la confuse
autogestion, puis neutralisé. Ce
sera bref.
Entre 1936
et1947, par glissement puis saut
institutionnel, la C.F.T.C.
devient une forme légale, puis
instituée[15] du mouvement
ouvrier et non plus son
antinomie. Il lui restera à
devenir légitime dans
l’insurrection populaire de
toute l’aire en 1955. Pour que
la mutation se concrétise, il
faudra que soit isolé dans le
bloc laïc - la scission de F O
de 1948 y aidant -, le noyau
intégriste et que soit
marginalisé dans la C.F.T.C.. un
monde frileux d’employés bigots,
selon l’expression de l’un des
fondateurs nantais du mouvement
Reconstruction acteur régional
et national de cette
mutation[16]
Le Bloc chrétien
peut ainsi s’ouvrir par
l’entreprise, et non plus par la
paroisse, au flux de la seconde
(dernière ?) industrialisation.
La nouvelle culture
gagne son brevet de classe en
1955, atteint le parti
socialiste dans les années
soixante dix s’accomplit dans
l’Union de la Gauche ; en passe
de devenir politiquement
hégémonique saura-t-elle éviter
la décomposition de son
personnalisme communautaire dans
l’idéologie dominante
individualiste et privative et
le ralliement acritique mais
surtout libéral post-catholique
à l’Europe ? Ces deux blocs nés
de la Révolution et de la
Contre-révolution étaient bien
toujours là, actifs et
pertinents en 1991, à la veille
de la ratification acrobatique
du Traité de Maastricht ; ils ne
le sont pas moins quoique
autrement en 2006 et 2008, après
le massif Non français de 2005 ;
les trois peuples ouvriers de
l’aire, urbains et ruraux ont
cependant presque également et
fortement voté non, en forte
rupture avec la « gauche »
culturelle[17] et tertiaire
supérieur de Nantes.
Si
la réalité se montre
régulièrement ici si adéquate à
son concept, il ne faut pas
prendre à la lettre la
dénomination commode,
idéaltypique de ces deux blocs
qui se réalisent en formes
historiques mouvantes. La
rencontre du troisième peuple et
des militants du Bloc chrétien
institutionnel et culturel,
n’implique pas que ce dernier
flux soit plus chrétien que, par
exemple, privatif, égalitaire,
patrimonial et en tout cas il
n'est plus majoritairement sous
emprise d'église. Mais,
historiquement, ce bloc fut le
relais de l’acculturation douce
du troisième peuple, sas entre
la ferme et l’usine,
accompagnateur de ses
radicalisations, éclaireur de sa
mutation politique, acteur de
son nouvel enracinement[18a]. Il
est encore la base principale de
la C.F.T.C., à peine moins de la
C.F.D.T. dont les militants sont
cependant plus divers. [18b]
Double vie a donc un sens plus
profond. Le long frottement des
blocs finit par tout rendre un
peu dualiste ici, du mouvement
syndical au Parti socialiste
dominant, des ruraux confrontés
à l’usine et aux valeurs
prolétariennes, aux citadins
compromis avec l’Ancien Régime.
Double identité partout !
Comment les actes ne
seraient-ils pas à la fois
ancrés dans des permanences et
inattendus, en un mot,
historiques.
Nous
survolerons l’irruption
historique des trois peuples
dans cette aire et cette ville,
pour faire le point, ensuite,
dans les groupes de la vie
privée ouvrière de la
prolétarisation dont
l’inachèvement ou l’inversion
reproduisent la double vie ; et
conclurons sur le vote syndical
et politique rapporté aux trois
peuples, aux deux blocs. |
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L'UNITE RESULTANTE
PROBLEMATIQUE DE TROIS HISTOIRES
ENLACEES OU DELACEES |
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Les prolétaires
immobilisés |
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La mémoire souterrains d’un
passé offensifqui s’institua
dans le communisme. Le premier
peuple, sans biens, ni lignages,
ni métiers, nu déjà dans la
paroisse bretonne ou plus
lointaine qu’il a laissée,
aménage l’estuaire, au mitan du
siècle de Germinal, construit,
le port, puis le chemin de fer,
la ville. Terrassiers, maçons,
débardeurs et autres hommes de
peine puis dockers,
charbonnier, manœuvres aux
forges ou cheminots, ils
n’intègrent le sanctuaire naval
que dans les années vingt, avec
des emplois d’aides, riveurs,
élingueurs ou autres
matelots[19], servants des
hommes de métier autant que du
capital. |
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Hergé
(via Ouest France 2016)
Le port des années 30,
matelots, dockers
et grutier. |
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Les ouvriers nazairiens
originels ce sont eux ;
installés d’entrée dans la boue
et la vie vraiment précaire,
entre Méan et Trignac par les
villages sans églises. Leur
conscience s’ancre plus qu’en
un travail particulier, dans la
précarité qui les poursuit. Les
débuts sont terribles,
morbidité, mortalité; sans eau
potable, sans hygiène. Ils
perdurent dans le risque et les
violences du chantier avec
l’alcoolisme compensatoire, le
taudis, le salaire dérisoire,
l’emploi rompu chaque soir !
Reste un style marquant la
culture urbaine: un goût pour la
prouesse violente spectaculaire
à connotation virile, mais aussi
un certain fatalisme, une
immobilité, une clôture
ouvriériste.
Leur
misère frappe en 1900, les
frères Pelloutier dans la Vie
ouvrière en France. En 1936, au
vu du recensement les choses ont
peu bougé. Réduits au salaire de
l’homme, démunis de tout moyen
d’autoproduction, culturellement
étrangers aux stratégies
privées, ils restaient
condamnés au collectivisme de
masse.
Si leur histoire
propre leur fut ravie par les
professionnels stabilisés, les
briérons et plus tard les ruraux
plus lointains qui investissent
la ville au cours du siècle, Ils
ne furent pas toujours des
loosers. Les luttes
trignaçaises, l’appropriation de
la rue, par les dockers et les
charbonniers nazairiens, leurs
pugnacité et leur rationalité
revendicatives manifestent
surtout avant 1914, un monde
jeune et conquérant. Loin d’être
résumés par l’ouvriers
professionnel de la Navale et
ses servants ruraux, l’histoire
ouvrière est leur affaire
jusqu’au désastre trignaçais de
1933[20], Le déclin du port, la
fermeture des forges et la fin
du charbon, puis la guerre,
l’exode se liguent contre eux.
Dès les années vingt, la culture
des chantiers évince la leur. Ce
sera le temps du
“bordereau"[21], l’institution
de la négociation collective du
salaire monopolisée par les
professionnels.
La
C.G.T.U., en dehors de rares
professionnels sous-traitants de
la chaînerie trouve ses maigres
troupes du côté des riveurs et
chanfreineurs, des cheminots,
des dockers, des charbonniers,
épousant de facto leur
marginalisation ; mais la masse
reste distante. Le municipalisme
personnalisé fascine leur
faiblesse ; leur goût de la
violence immédiate se plie mal à
la bolchevisation. Actifs en
1936 et 1938, l’unité les
étouffe un peu mais la
concentration en cités de
relogement en 1945 les soude
comme jamais. Le quartier
d’Erbins sera une véritable base
rouge[22].
En 1947, une
C.G.T. nouvelle qui ne les
marginalise plus, les organise
et les accroche au communisme
mais, réduite à leur soutien,
elle passe très près de la
marginalisation[23]. Ils doivent
en passer par le rapprochement
avec les autres refoulés sur
d’autres marges, les chrétiens
et ruraux, alliance vitale pour
la survie de la C.G.T., selon
Paul Malnoë, dirigeant
historique de Force Ouvrière.
Cette incongruité produit de
l’histoire en 1955. La marque
des prolétaires de force se mêle
à une action directe violente et
anti-intellectuelle propre aux
jacqueries. Le lien privilégié
C.G.T.-C.F.D.T. reproduira cette
conjonction jusqu’à la fin des
années quatre-vingt où semblent
se dessiner les prémices d’une
nouvelle marginalisation. Seul
l’anticléricalisme de F.O.
semblait freiner encore le
changement de bord du bloc
chrétien vers un bloc réformiste
du salariat installé ; en 2006
la perspective de ce bloc
réformiste s’est éloignée avec
le reclassement de fait des
choix politiques autour de la
mondialisation et de son vecteur
principal l’Europe libérale
opposée aux acquis ouvriers
nationaux. Ne va t on pas vers
un rapprochement des frères
ennemis de l’ex. CGT unifiée
contre une CFDT toujours plus
politiquement intégrée à la
deuxième gauche libérale et
européiste. C’est l’hypothèse
que nous faisions déjà en 1995,
à Nantes, lors du Colloque pour
le centenaire de la CGT. |
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Mais il faut distinguer
pour le moins trois mi-lieux
prolétariens dans l'aire ? |
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- Isolés dans un tissu
résidentiel qu’envahit le
tourisme marchand, les pêcheurs
prolétariens du
Croisic maintiennent une de ces
identités résistantes qu’induit
la communauté de travail
affrontant une nature
redoutable, sur la mer ou dans
la mine, dans l’extrême dureté
d’une discipline et d’un
arbitraire hiérarchique d’un
autre âge, mais le temps joue
contre eux, qui réduit l’emploi
comme le revenu, qui ferme les
conserveries où leurs femmes
trouvaient l’appoint irrégulier
mais récurrent du salaire
misérable, sinon une véritable
salarisation. L’alcoolisme et
l’anomie des adolescents
creuseront toujours plus la
précarité de leur vie et leur
marginalisation sur leur propre
sol par une petite bourgeoisie
marchande et immobilière
impitoyable et âpre au gain ?
Cette typification est
évidemment abusive et datée ;
en 2006 rien ne permet de tenir
un propos si assuré. |
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- Trignac, le village estuarien
en amont de Méan, passe au
socialisme municipal bien avant
Saint-Nazaire. Un village à soi
ce n’est pas rien même si c’est
le triste Trignac et sa forge
sauvage et ruineuse de vies puis
ses irrécupérables ruines
industrielles qu'aucun bobo ne
tenta heureusement d'esthétiser
en friches postindustrielles
pour palier l'ennui
des classes (en réalité "post"
) culturelles. Le village
prolétarien si longtemps même
sans église gère toujours son
destin qu'aucun touriste morbide
ne vient polluer, gardant ses
fidélités politiques propres. On
y conquiert (mais il s’agit
d’abord de nouveaux arrivants),
en nombre, la maison
individuelle à la fin des Trente
Glorieuses. |
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- Les prolétaires de la ville de
Saint-Nazaire semblent, eux, ne
plus rien maîtriser, trois fois
dissous, par la fin des cités de
relogement, l’exclusion du
travail, l’obsolescence ou
l’affadissement du lien
communiste. Le groupe éclaté
entre
le surclassement acrobatique
(une frange trouve in extenso,
via l’Aide Personnalisée au
Logement, l’aubaine de la maison
individuelle et des traites ) et
la marginalisation, a perdu sa
cohérence socio-spatiale.
Combien d’héritiers du premier
peuple dans les 22 % de chômeurs
du canton de Saint-Nazaire-Est
en 1991? Stigmatisés par un
genre de vie qui détonne dans un
univers ou tout le monde, sauf
eux, est maître en son domaine,
privés des deux messianismes
social-chrétien et communiste
qui furent porteurs de
fraternité et d’intégration
légitime, qui dirait leur
révolte et leur désespoir ? Si
le Front national, (la seule
alternative encore tribunicienne
( Z. Stirnhell) que
s'inventèrent les ouvriers
abandonnés par leurs partis ?)
ne trouve pas cependant parmi
eux les scores que lui donne les
territoires de la
désindustrialisation sauvage des
années 81-86 dans le Nord et
l’Est de la France, il y puise
cependant des électeurs à son
apogée et qui préfèrent de toute
façon l'abstention consciente à
la désidentificatrice
soumission. |
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De la quasi ethnie
briéronne à l’hégémonie des
hommes de métier |
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Deuxième peuple : Tradition
millénaire certes pour le bois,
la Navale moderne du fer et du
pétrole est seconde, la
construction des navires ne se
pérennise qu’au début des années
1880 ; les ouvriers du port,
des forges même sont déjà là.
Comme par miracle ces hommes
vont renaître vers 1884 du sol
Briéron où ils bricolaient leur
vie avec un prodigieux
patrimoine de techniques
polyvalentes en se passant du
Capital comme ils s’étaient
passés des nobles sinon des
prêtres. Ils deviendront ses
salariés mais jamais
exclusivement; gardant leur
savoir polyvalent y compris dans
le Chantier jusque dans les
années soixante et sur leur
terre comme dans leurs eaux si
belles au soleil des matin
d’hiver.[24].
Produit
d'une manufacture
hétérogène dirait le Marx
lumineux de la Section IV du
Capital, le navire requiert une
armée différenciée d’hommes de
métier et une marge de
quasi-domestiques que la
périphérie de l’aire fournit
d’abord avec d’ex-vrais
domestiques ruraux, âgés
souvent. L’armée navale
atteindra 11000 hommes à son
apogée dans les années cinquante
quand elle se concentre en un
seul chantier, flanqué
d’établissements mécaniques ou
chaudronniers. Rien d’un
Léviathan capitaliste faisant de
petits producteurs des
prolétaires achevés, isolés,
hétéronomes, et sans qualité.
C’est comme si les Chantiers
avaient passé contrat tacite(?),
voire fait alliance quasi
politique avec une communauté
(quasi) ethnique entière.
Au patron la plus-value née
de leur savoir, pour eux la
normalisation du travail, la
chefferie sur les autres
ouvriers ; leur force de
marchandage restant leur
capacité à se passer du patron
en assez longue période grâce à
la double activité[25]. Ils le
prouvent en vivant sur leur
fonds dans les temps de chômage
ou de grève. Après avoir
longtemps brisé les grèves des
citadins, ils inventeront la
grève du temps récupéré ; le
salarié redevenant par elle
petit producteur à son compte.
Il a fallu presque un siècle
pour briser dans la division du
travail leur force encombrante,
devenue celle de tous les
professionnels de la Navale.
D’autres[26] ont décrit ce
processus d’Organisation
Scientifique du Travail précoce
mais limitée, l’école des
apprentis, la sérialisation
relative des années soixante. On
se limitera à l’aspect
historique et anthropologique
global.
Organisation du
temps, hiérarchie interne et
partage des tâches de l’équipe
de base, formation finale - même
après son amputation par l’école
(patronale) des apprentis -sont
un compromis bilatéral, pas une
pure domination du capital. La
coutume du chantier, si bien
rapportée par, cet ouvrier de
l'ouest autodidacte devenu
technicien puis écrivain, Louis
Oury, la norme de la dépense de
force, la maîtrise des temps du
boni , qu’imposent les
professionnels pèse autant que
la loi du patron.
L’exclusivisme briéron, culture
de pays ethnicisée par les
urbains, archaïque, hostile aux
nazairiens finira par se fondre
au Chantier, sinon dans les iles
briéronnes, dans une caste
unifiée de professionnels.
L’hégémonie des professionnels,
à partir de 1920, repose d’abord
sur des citadins de souche, des
promus du premier peuple et une
minorité d’ouvriers exogènes(des
gens de Montluçon sont dans les
années vingt parmi les premiers
semeurs communistes). Mais
beaucoup de ces citadins sont
des briérons plus ou moins
intensément et précocement
séparés du marais.
La
finale loi de ce milieu fut un
compromis très proche de la
coutume briéronne après la fin
de leur la bouderie corporatiste
entre 1921 et 1933.L’idéologie
du contrat, valeur culturelle
centrale et commune, constituera
le socle culturel de la C.G.T.
confédérée et de son monopole de
négociation. C’est le temps du
bordereau, l’institution de la
négociation collective du
salaire monopolisée par les
professionnels dans les années
vingt. |
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« Le temps du
bordereau » L’ensemble de
l’’iconographie de l’article de
1991, ici reproduite, est
l’œuvre de Thérèse
Dumont (Ecomusée de
Saint-Nazaire, Saint-Nazaire et
la construction navale)
Le contrat collectif précoce
survivant ici à l’économie de
Guerre s’ancre dans cette
culture de
professionnels monopolistes de
type anglo-saxon que décrit
Benjamin Coriat dans l’atelier
et le chronomètre. La grève
n’est qu’une figure limite. On
frisera le corporatisme
autoritaire excluant, les
femmes, les non qualifiés, aussi
bien que la lutte véritable. Le
modèle organiciste et
inégalitaire de l’Ouest des
notables n’est pas loin. La
mairie de Saint-Nazaire noue le
système sous son patronage. Il
faudra la conjonction de deux
égalitarismes, le prolétarien et
le paysan, pour le briser entre
1936 et 1955.
La C.G.T-
Force Ouvrière gérera cet
héritage, sur Saint-Nazaire plus
qu’en Brière, sans plus pouvoir
ni vouloir l’ouvrir que la
C.G.T. de 1935. Les
salariés garantis de la
construction aéronautique, les
services de l’Etat à l’exception
des chemins de fer étaieront
cette base dans le même esprit
contractuel avare de grève,
fièrement élitiste et masculin.
L’effritement s’accélère dans
les années quatre-vingt... C’est
dans les années 60 à 80 le
syndicat des pères de familles
professionnels autochtones
citadins ou côtiers et laïcs.
Son lien au militantisme de
l’école laïque fait cependant
perdurer une sensibilité
politique anarchisante que la
montée en puissance de la
deuxième gauche post-catholique
a contribué à maintenir
mobilisée. Une fraction du vote
d’extrême gauche nazairien
induit par l’éloignement des
partis de gouvernement et des
classes populaires y trouve
toujours un vivier.
La
Brière ouvrière se clivera,
entre les marges encore très
paysannes et le Centre, aux
nombreuses générations ouvrières
selon le chanoine Vince
inventeur d’une analyse des
espace-temps de la salarisation
dans l’aire de Saint-Nazaire. Au
cours des années trente, la
C.F.T.C.. gagne St
André-des-Eaux, Besné, Crossac
sur les thèmes culturels de
la mère au foyer, et
du salaire minimum indexé au
nombre d’enfants. Dans le centre
historique à Saint Joachim,
Saint Malo-de-Guersac, voire à
la Chapelle, F.O.. et la C.G.T.
d’après1947 fidélisent une base
à la fois possédante et
revendicative. Le P.C. suit ; il
y résiste encore. Dans les
secteurs indépendants de la
hiérarchie des métiers de la
Navale, l’Aéronautique et la
pétrochimie la C.G.T. et le P.C.
captent entre 1936 et 1950 une
seconde base. Ce sont des
ouvriers qualifiés, modernes,
chers aux auteurs du Manifeste,
qui furent ses meilleurs
zélateurs; citadins, exogènes
souvent ou transfuges du premier
peuple passés par l’école des
apprentis puis par
l’enseignement technique.
D’abord non possédants, ils
rejoignent, dans l’Après-guerre,
la cohorte des accédants à la
propriété sans pour cela changer
de bord.
Le syndicalisme
nazairien est très
représentatif : des adhérents
nombreux et une participation
élevée des salariés aux
élections professionnelles. |
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20 Septembre 1948 : meeting
interprofessionnel à ST-Nazaire. |
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Après la Libération, un
équilibre relatif s’instaure
entre les trois principales
organisations syndicales ( CGT,
CGT-FO et CFTC ) |
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La troisième vague :
l’ouvrier rural sans
qualification des Trente
Glorieuses et l'irruption des
femmes |
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Le troisième peuple, la Navale
l’attire d’abord dans ses flancs
lors de la mutation technique de
la soudure au rivet à partir des
années Trente, mais la gésine
d’une nouvelle force sociale
attendra la Deuxième et
dernière industrialisation,
étayée par le boom du Bâtiment
de la Reconstruction.
Bien avant 1945 un monde ouvrier
organisé par le métier, le
bâtiment, perdure en entreprises
dispersées de la côte bauloise
et pornicaise. Il sera gonflé
par la Reconstruction, le
tourisme marchand, la ruée vers
la maison. Les hommes de métier
urbains et laïcs dominent un
peuple rural de manœuvres, de
compagnons, pour qui le bâtiment
n’est qu’étape ou appoint et qui
ne devient visible qu’en 1955 au
sein du troisième Peuple.
C’est, dès les années vingt,
plus que l’organisation
scientifique du travail,
largement volontariste, la
révolution technique de la
soudure à l’arc chassant le
rivet qui ouvre la Navale aux
nouveaux ruraux. Le soudeur de
première génération n’est pas
l’homme d’une formation mais
d’une maîtrise des gestes et
d’une sensorialité fine
aléatoirement distribuées par la
nature et l’enfance. Un flux de
jeunes hommes, euphorisés par la
liberté du salariat au regard
des dépendances rurales,
supplante le manœuvre rural et
soumis d’âge mur, ou le riveur
urbain prolétarien. Sacrifiés
d’office du temps de l’hégémonie
de la C.G.T.(confédérée), ils
vont être captés un peu par
les unitaires de la C.G.T.U..
par le contact au travail des
jeunes prolétaires, par la
C.F.T.C.surtout, au village
même.
Entre 1930 et
1965, les adaptions de la Navale
s’accompagnent de recrutement
neufs et se doublent d’une
deuxième industrialisation
propre à l’Ouest Français des
Trente Glorieuses mais engagée,
ici comme au Mans, dès les
années trente. Paimbœuf, Donges,
Montoir, accueillent la chimie
demandeuse de ce travail posté
non qualifié, si adapté à
la double-activité de l’ouvrier
paysan, puis la construction
métallique, le biscuit à St
Michel, l’habillement etc.; La
pétrochimie (étudiée par Danièle
Kergoat), à côté d’un travail de
haut niveau, requiert des
manœuvres puisés dans les
villages de Donges. Chimistes,
pétroliers, femmes de
l’alimentation et de
l’habillement, travaillent sur
place, mais le nouveau flux
naval tendra à se rapprocher de
l’agglomération. Les trois flux
(Navale, Bâtiment, industries de
process) se gonflent entre 1950
et 1955 en une cohorte massive,
juvénile, impatiente, optimiste
sur le changement social
bousculant la tradition ouvrière
de la ville.
Entre 1947
et 1962 on observe plus de 4% de
progression annuelle des
salariés de l’industrie, encore
3% de 1968 à 1982.En1968, 72 %
des actifs de l’aire sont
salariés, 83% en 1982, plus que
la moyenne française. Le nombre
absolu des ouvriers croît
jusqu’en 1982.Rien à voir avec
la France industrielle du
Nord-est! La salarisation des
actifs variait en 1968 de 86, 4%
dans le canton de Saint-Nazaire
à 37, 6% dans celui de Saint
Père en Retz, en 1982 le minimum
est de 63%, Saint-Nazaire
atteignant 92%. |
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Les trente
glorieuses nazairiennes*
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*Sur ce thème Persée a réédité
en 2011 l'article très
complémentaire paru in Annales
de Bretagne et des Pays de
l'Ouest, Jacky Réault, Les
Trente glorieuses de la CGT
nazairienne et les aléas de la
mondialisation. Il est désormais
disponible in extenso (note de
l'éditeur)
Les
Glorieuses, on croirait la
formule faite pour eux, leur
mouvement s’inscrit sur la scène
nationale ou il donne le ton,
dans l’ensemble plus vaste de
la Basse Loire. Les livres
disent Nantes-Saint-Nazaire !
Renversement d’une clôture
localiste ! Les porteurs de
mémoire de la nouvelle identité
ouvrière unifiée qui surgit
s’affirment, exceptionnels et exemplaire !
Comme ouvriers d’abord, une
conscience aiguë d’être à part,
et comme nazairiens.
L’isolement géopolitique
nazairien est
double, finis-terrien quant à
l’Europe, longtemps coupé de la
société française par la
contre-société post-vendéenne !
Si leur mouvement social rompt
l’isolement en 1955, 1957, 1964,
c’est par l’improbable
conjonction derrière le premier
et le troisième peuple, des deux
universalismes, communiste et
chrétien, en concurrence
mimétique. L’action
directe victorieuse est à la
rencontre de la jacquerie
paysanne, de la prouesse virile
prolétarienne, et d’une capacité
des professionnels à négocier.
Les bornes de l’immédiateté
rebelle à la stratégie sont
ainsi compensées, sublimées
aussi par la générosité des
militants. Les chrétiens
fascinés quoiqu’ils en aient par
le mondialisme communiste. Les
communistes, immergés dans
le premier peuple habillant
d’eschatologie la
violence prolétarienne latente.
Ainsi contraint à suivre mais
feignant de précéder, le P.C.
comme la C.G.T., tireront
bénéfice du nouveau cours
ouvrier, celui du troisième
peuple et du bloc chrétien, unis
même si c’est sur le mode du
conflit, aux ouvriers
prolétariens et à la C.G.T. Le
choc de l’effondrement patronal
de l’été 1955 scelle une
alliance historique.
Note de 2015. Sur
le témoignage le plus élaboré de
la grève de 1955, celui du
chaudronnier Louis Oury, un
excellent dossier : |
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CAHIERS DE L HISTOIRE Revue
d’Histoire critique |
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125 | 2014 : Rebelles au travail,
Entrer en rébellion : la grève
de Saint-Nazaire en 1955 dans le
témoignage de Louis Oury,
par Éliane Le Port
Ce
bloc biculturel de la nouvelle
hégémonie C.G.T.-C.F.D.T. fait
alors école dans les sociétés de
l’Ouest entre 1955 et 1980,
infléchit le mouvement social
français. La mue de la C.F.T.C.
joue un rôle médiateur
permettant de tourner le blocage
de la S.F.I.O. et de F.O. par la
naissance du courant unitaire
qui aboutit au Programme Commun
de 1972. |
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L’Avant Mai 68 |
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A ici un an d’avance dans une
incroyable grève des mensuels, à
moins qu’il ne commence, et
c’est notre thèse dès
1955 Mai-Juin, en Basse Loire, a
la double saveur des sociétés
de l’Ouest français en cours
d’industrialisation, et des
vieux sites industriels du
Nord-est. C’est aussi la formule
nationale du Mai 68 ouvrier
quand le troisième peuple
impose son propre style ; à
Flins ou Cléon à Caen, à
Sochaux, pas à Billancourt. Les
militants C.G.T. locaux et
chrétiens iront très loin
ensemble à Saint-Nazaire. Le
veto parisien du P.C. saccage
tout. La C.G.T. mettra cinq ans
à s’en remettre.
Quand
trois poules vont au champ, la
troisième va... derrière. Alors
que la majorité large des
ouvriers devient qualifiée entre
1962 et 1982, à l’instar de sa
base historique Force Ouvrière
syndicat – virtuellement
majoritaire en 1947[27] - semble
se contenter de toujours suivre,
alors qu’il tente en réalité de
résister contre l’air du temps
qui l’étouffe entre stalinisme
et libéral-individualisme, entre
1955 et 1968. Il accueille alors
les plus distants et se laisse
ensuite marginaliser par
l’accord C.G.T.-C.F.D.T...
Stagnant d’élection en élection,
il recule pour de bon, dans les
années 80, a contrario de ses
résultats nationaux, cible
principale ici de la deuxième
gauche son ennemie intime trop
loin culturellement du deuxième
peuple. La S.F.I.O.. reposait
sur une base électorale plus
vaste mais sur une base
militante de même culture, il
fallut qu’elle s’ouvre moins
au troisième peuple qu’aux
militants du bloc chrétien et à
l’Unité de la Gauche pour éviter
le même déclin. Finalement par
le néo-chevénementisme de Joël
Batteux, elle survit mieux pour
avoir mieux su se métamorphoser
que son syndicat nazairien frère
et que son homologue politique
nantais floué et digéré par le
neutralisme attrape-tout du
leader municipal Jean-Marc
Ayrault assez habile pour faire
accéder sur la scène nationale
pour la première fois en
position de leader un notable
nantais mais cela se fait sur la
base lisse du consensus euro
libéral. On reviendra en
dernière partie sur le détail de
l’évolution actuelle de ces
forces politiques et syndicales.
Dans les Trente
Glorieuses, les légitimités
culturelles basculent. Les
nouveaux ouvriers ne sont plus
des paysans d’âge mûr et faillis
mais des jeunes gens dont le
premier emploi est l’usine.
C’est un temps de rejets quelque
peu honteux, chez l’ouvrier
ou coupables, chez
le mensuel, -selon les
distinctions de
l’ethnopsychanalyse, - des
soumissions traditionnelles; à
moins que cette bonne volonté
d’acculturation soit encore
soumission à la culture
dominante d’usine. Alain
Touraine la repère dès la fin
des années cinquante ; au
village on change plus tard,
autrement, après 68 dans la
famille, après 1974 pour le
vote. Nombre de grèves sont des
fêtes appliquées d’intégration à
un rite nouveau. Dans un article
de 1968 publié dans l’ouvrage
collectif Carra : Le partage des
Bénéfices (Editions de Minuit
1968), notait que la migration
en ville des années soixante est
l’occasion de lâchages
culturels en bloc derrière une
bonne volonté anticipatrice du
changement. |
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PROLETAIRES ET
POSSEDANTS DES ANNEES
QUATRE-VINGT DIX |
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Ces deux industrialisations, ces
trois peuples, constituent un
tissu exceptionnel de
différences avec les autres
mondes ouvriers français:
Extrêmes, -quel que soit le
champ de la comparaison, les
départements les aires d’emploi,
la Loire Atlantique ou la France
entière -, le taux d’ouvriers
qualifiés, la masculinité, le
tardif confinement domestique
des femmes, les possessions dont
la maison et le groupe
domestique sont le centre, le
maintien de ressources
extra-salariales. Exceptionnelle
aussi, par-dessus tout cela,
mais paradoxale, une reprise
aiguë de la prolétarisation
qu’illustrent le taux de chômage
le plus fort de France,
l’isolement féminin
monoparental, la délinquance,
l’alcoolisme. Deux
mondes autochtones exceptionnellement, comme
cloués au sol, l’un par la
possession l’autre par le
dénuement.
Mais combien
de temps encore la classe
ouvrière
organisée parviendra-t-elle à
intégrer, en son sein, la
société dualisante. De se placer
ici sur l’échelle de la
prolétarisation atténue le
dessin des trois peuples. A sa
place, une polarisation intense
et croissante entre les ouvriers
les plus dépossédés et les plus
possédants. Dans le
syndicalisme, -c’est à dire en
quelque sorte dans ce qui reste,
avec l’unité locale de la Gauche
tant qu'elle fera sens,
une classe ouvrière
historique -, perdure une
configuration du deux contre
un héritée des luttes offensives
du temps de l’Expansion; mais
l’unité défensive reste toujours
actualisable ; Dans la vie
séparée, en revanche, le
principe organisateur est celui
des deux derniers peuples
s’opposant au premier. Déjà, en
appliquant à l’aire nazairienne
la formule d’Immanuel
Wallerstein décrivant les
périphéries de l’économie-monde,
le prolétariat n’est plus la
classe ouvrière ; ajoutons, les
ouvriers multiples ne forment
quasi classe ouvrière que lors
de ritualisations discontinues
imposées par le temps du monde.
Le vingtième Siècle fordien,
-défini par l’unité de la
production de masse et de la
consommation, non de masse,
comme le répètent les manuels de
la dite science économique-, de
multitudes privatisées,
effectivement garantie par le
salaire indirect des
Etat-Providence -, fut
trinitaire ; l’avenir est-il
dualiste ? La réponse est dans
l'affrontement indécis des
procès de re prolétarisation
qu'induit la mondialisation et
les mobilisations pour
l'affronter dans la vie
familiale et domestique.
Aucun destin - et à plus
forte raison aucune évolution,
cette anhistoricité pour bêtes à
cornes et sociologues courts-,
ne l'adjuge hors d'une histoire
ouverte dans l'Etat-nation
France, société de et dans la
mondialisation, pour autant
qu'elle gardera assez de
souveraineté pour sauvegarder
ses industries navales et
aéronautiques face au centre
américain ou face à l'ainsi
nommée Europe. Cette histoire
requiert certes des sujets
collectifs qui ici sont toujours
bien vivants et d'autant plus
que les sujet des formes de vie
connaissent et pratique depuis
si longtemps l'autonomie dans
le bocage ambivalent des vies
séparées des sociétés l'ouest
français. (J Réault, Nantes
l'excès la
ville .in Philographie. Lersco
1986.) |
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Entre 1955 et 1965, 80% des
ouvriers nazairiens sont devenus
propriétaires entre écarts
ruraux ou hameaux urbains.
"Relative deprivation",
difficile à vivre pour les
restants. HLM de la Bouletterie
en construction La maison
individuelle c'est à dire
commune à une famille, est
conquise à Saint-Nazaire
( photo ci-contre) mais surtout
à Trignac et à Montoir-de-
Bretagne en 1982, 27% seulement
des ouvriers nazairiens habitent
encore Saint-Nazaire |
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Mutations
migrations rurbanisation
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En 1982, 27% seulement des
ouvriers de l’aire habitent
encore la ville. La rente
foncière urbaine, le recul du
travail ouvrier à l’usine, le
tropisme du micro-domaine
autonome surtout, expliquent
cette mutation. Double par
définition,
l’espace rurbain semble fait
sur mesure pour tous, le nouveau
canton de Montoir le résume.
Venant de la ville et des
champs, ils y sont à tous égards
chez eux.
La population
ouvrière ayant un emploi
stable fond.. lentement, depuis
les années quatre-vingt. Plus
que 1700 dans le Chantier naval,
encore dispersés par l’habitat..
Usine citadine, l’Aérospatiale
résiste mieux mais elle est de
moins en moins ouvrière. La
ville aussi, moins ouvrière que
sa périphérie, 37% des actifs
contre 39% sur l’aire. La
métallurgie dans son ensemble,
tissu de la culture ouvrière,
garde 13400 salariés en 1986
(16000 en 1982) mais son poids
relatif recule
lentement[28]. Ces employés dont
croit le nombre, voire les
techniciens, vivent-ils
cependant dans des univers si
séparés ? |
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Qualification une
appellation moins contrôlée !
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Les ouvriers nazairiens
décomptés dans l’aires sont
peut-être les plus qualifiées de
France. L’écart persiste entre
1968 et 1982, le taux des
ouvriers qualifiés passant de 51
à 71%. De la défaite
des métiers à la qualification
pour tous? Bizarre! Sous la
diffusion d’une classification,
un rétrécissement des
compétences, de l’autonomie,
avec la sérialisation des
modules pré construits,
Aéronautique, Navale, Bâtiment,
unis. La réalité, dans le
travail aussi, c’est la
polarisation. Le savoir ouvrier
migre chez le technicien; et
prolifèrent des OP1 que certains
chercheurs du
Cereq[29] nommèrent spécialisés
qualifiés .Qu’est donc
cette qualification quadrillée
par deux fois plus de
contremaîtres qu’en
1968?L’autonomie module
séculaire ici de la culture du
travail recule. La migration des
nouveaux ouvriers qualifiés de
la périphérie de l’aire vers le
centre semble se ralentir malgré
la demande de la Navale et de
l’Aéronautique. La chimie,
l’alimentation, voire le
bâtiment se cantonnent dans
l’O.S. ou l’O.P. 1. |
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LES FEMMES AU CENTRE DE
LA DOUBLE VIE Hommes et
femmes au travail |
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On reste dans un monde d’hommes,
voire de pères de famille 11, 7%
de femmes en 1982, 9, 3 en 1968;
Si les ouvriers non
qualifiés reculent c’est en se
féminisant, 31% en 1962 contre
15 en 1968.Confinées dans
l’alimentation et l’habillement,
elles fournissent les cohortes
de la surexploitation du travail
saisonnier lié au tourisme après
la disparition de la conserverie
côtière. L’ouvrière
est périphérique, dans les
cantons de Pornic et de
Saint-Gildas-des-bois.
L’agglomération résiste à la
féminisation du salariat,
paradoxalement moindre à
Saint-Nazaire qu’à
Saint-Père-en-Retz et Saint
Gildas. Sur trois cent quatre
vingt zones d’emploi en France,
la nazairienne est dans les
trente plus masculines.35% de
femmes seulement dans les
salariés; seuls le Var, le Pas
de Calais, la Corse font moins. |
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Un ménage mono
professionnalisé rationnel ?
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Pour comprendre cette situation,
il faut briser le fétichisme du
marché du travail. Même si prend
un instant le marché pour ce
qu’il se donne, l’offre de
travail sexuée et bornée
n’explique pas tout. La
structure de la demande
compte aussi. L’offre renvoie à
l’accumulation localisée du
capital. Il a littéralement plu
des emplois féminins non
qualifiés dans tout l’Ouest
entre 1950 et 1980; pourquoi pas
là? La demande nous ramène à
l’autonomie ouvrière dans son
groupe domestique centre de vie,
à la norme populaire des formes
de vie. Sa base est à la fois
culturelle et économique, dans
des modes de reproduction.
L’indicateur d’activité de la
conjointe de 1982 très loin de
la normalité française résume
tout, indiquant où il faut
creuser: dans les groupes et les
territoires de vie, sous
le marché du travail. |
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Dans l’Ouest qui fut un monde de
contr'hégémonie rurale où
primait l’élevage bovin qui
marque encore l'agriculture
post-paysanne, et intégrant
séculairement le travail des
femmes, l’aire se singularise
par la convergence, en
un écosystème de reproduction de
compromis, des traits bretons
moins activistes et des modèles
ouvriers pluriels[30]. La
civilisation briéronne lie
foncièrement l’activité
productrice des femmes et le sol
domestique. Si
l’ouvrier-paysanne se fait rare
et périphérique(8) la production
domestique ne disparaît pas. Les
cultures prolétariennes
centrales, -et cela vaut aussi
pour le professionnel nazairien
classique-sont attachées à
la femme -disponible pour les
hommes -, ostentation de leur
capacité virile à l’entretenir,
mais économiquement stérile,
réduite au marché des ménages et
à la garde d’enfant .Plus
traditionnel, mais d’une
tradition activiste,
le troisième peuple est plus
moderne mais l’emploi précaire
et sous-payé fait de la
production domestique ajoutée au
salaire indirect le choix le
plus rationnel.
De
l’avantage ambivalent au
handicap double: revenu ou
demi-revenu ?
La femme
au foyer renforce ses échanges
lignagers sur l’axe mère-fille
accentuant la clôture culturelle
du couple, alors que s’il est
double actif, le
couple ouvrier est un peu
biculturel. Employée ou paysanne
la conjointe favorise une
culture des mobilisations
privées (scolaire ou
patrimoniale) à côté(ou à
l’encontre) des attentes
collectives, étatiques du
prolétariat où, la femme au
foyer redouble le ghetto
culturel[31].
Le troisième
peuple culturellement activiste (surtout
au sud de la Loire), selon note
typologie des formes de vie
ouvrières (1989 Lersco) ajoute
la salarisation des femmes à
l’autoproduction, pour
construire ou consommer même si
c'est aux dépens de la
scolarisation des enfants
poussés jeunes sur le marché,
trait culturel de l'ouest
intérieur, relayé ici par
l'ancienne hégémonie de la
culture prolétarienne.
Ces modèles ne sont pas en
l’air, ils font système avec les
structures bien réelles, quoique
secondaires et déterminées:
l’offre d’emploi et la division
du travail mais aussi les hauts
salaires ouvriers, après
1955.Revenu central, le salaire
masculin[32] est supérieur aux
salaires nantais et bien placé
nationalement. Les
professionnels de la Navale et
de l’Aérospatiale s’entraînent
mutuellement; les autres
ouvriers qualifiés suivent
selon les périodes, ou dans la
pétrochimie, précèdent. Ces
hauts salaires relatifs ont
permis de retarder la
salarisation des femmes
d’ouvriers qualifiés de la ville
non possessionnés, à plus forte
raison celle des femmes
de prolétaires inachevés du
centre briéron.
Si
l’exigence moderne de libération
ou la course au revenu ne
parviennent pas à combler
le retard du travail salarié des
femmes, c’est par ce
verrouillage, scellé par la
reproduction culturelle de rôles
sexuels anthropologiques dans la
famille, dans l’enseignement
privé féminin, et par les
bénéfices secondaires qu’en
retirent les hommes. Attirer là
le Tertiaire de bon niveau
qu’évoque le Comité de Bassin de
Saint-Nazaire, supposerait une
demande fémininine
féminine modernisée, individuée,
non résignée au seul choix
effectif actuel : le travail
borné, sous-qualifiée, dominé
voire saisonnier. L’autonomie
des cultures ouvrières tourne là
au cercle vicieux et approfondit
l’écart inter-ouvrier. La femme
d’ouvrier possédant, productive
chez elle ne se déclasse tant
qu'elle se protège du salariat.
La femme prolétarienne dont le
conjoint chôme en majorité,
scelle le déclassement du ménage
par son confinement. |
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Familialisme ? [33] Stabilisation/précarisation
et isolement |
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En 1982, parmi les ouvriers de
Loire Atlantique, c’est l’homme
ouvrier nazairien qui vit le
plus en famille nucléaire; 87 %
des ménages dont la personne de
référence est un ouvrier. Le
couple est la règle, la famille
est au centre de sa vie, sa
maison bien mal
dite individuelle, est à tous
égards familiale. C’est la belle
façade, illusion statistique
qu’induit la polarisation sexuée
des formes de vie! Le foyer
monoparental, comme la vie
isolée touchent d’abord les
femmes-mères, ex-épouses, filles
des ouvriers; mais quand elles
sont actives, ces femmes
sont pour
l’essentiel, employées. Sauf la
petite troupe travaillant à
l’usine, la femme séparée ou
divorcée perd l’indexation
ouvrière attachée au travail du
mari. Dans un tableau
statistique, la précarisation
des familles ouvrières est
d’abord transférée par la
catégorie
socioprofessionnelle employés. Si
l’épouse séparée n’a pas
d’emploi, elle disparaît de la
visibilité sociologique
accrochée aux catégories
socioprofessionnelles d’actifs.
L’habituelle description
de surface crée l’illusion d’une
famille ouvrière stable et
rassurante alors que c'est -
forte intuition d'André
Siegfried, la propriété,
religion séculière intégrée à la
religion céleste, mais survivant
à son délitement, qui la tient.
Bel exemple de fétichisme
statistique ! Pourtant les
foyers monoparentaux sont plus
fréquents ici que dans l’aire
nantaise plus urbaine !
Les Employé(es dans leur
ensemble-et pas seulement comme
face cachée des mondes ouvriers
(avec les chômeurs et les femmes
seules sans profession
marginalisées), sont exclus en
majorité de la normalité
familiale nucléaire vécue comme
conjoint; vivant
en monoparents ou isolé(e)s ou
en mineur(e)s domestiques chez
leurs parents. L’effet de
protection relative à l’égard de
la dissolution qu’apporte au
couple la propriété familiale et
la ruralité, est encore visible
mais s’émousse. Prolétaires et
possédants tendent à se
ressembler dans la nouvelle
précarité, celle du couple. |
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LES PROLETAIRES
INACHEVES[34] |
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[2011] Nous avons formulé en
1977, dans une publication du
LERSCO-CNRS, la problématisation
qui constituera le socle de nos
études ouvrières, (
quoiqu'elle puisse être importée
à tout ensemble
populaire travailleur,
salarié ou à son compte dans
l'histoire de l'accumulation du
capital, de la prolétarisation
inachevée, qui s'inscrit
nécessairement dans une théorie
plus générale et des typologies
(1992- 2001 et sqtes)
historiques de la
prolétarisation. Ce texte
s'intitulait déjà "La
prolétarisation inachevée", les
salariés de l'aire d'emploi de
Saint-Nazaire." Cet article en
constitue l'application
empirique la plus achevée à
l'échelle d'un milieu historique
au sein des sociétés de l'Ouest
français. C'est par la double
approche des formes de vie
(1989), et du vote politique
(2007-2011) que nous l'avons
systématiquement étendu à
l'ensemble de la société
française déjà en proie à la
mondialisation. |
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Village de la Brière
Eaux-fortes de J-E
Laboureur, 1932 |
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Les prolétaires
inachevés nazairiens ne sont pas
seulement des ouvriers que
l’accumulation du capital n’a
pas dépossédés jusqu’au bout ce
qui les rend fréquemment
éloignés de l’action de classe
comme l’analyse Immanuel
Wallerstein[35]; ils cumulent
depuis deux générations au moins
les mobilisations collectives et
les mobilisations privées. Le
groupe domestique n’est pas ici
pure unité de consommation mais
centre de mobilisation privée et
de productions marginales si
multiples qu’elles ne le sont
plus. La maison sur son terrain,
objet de tous les efforts, n’est
pas seulement jouissance mais
cadre et moyen de travail,
cellier, lopin, garage-atelier.
Quel ouvrier nazairien
non prolétarien ne travaille pas
hors du travail ? Le type idéal
du briéron classique est loin
d’être figure du passé l’ouvrier
paysan fiscal de la périphérie
reste plus fréquent dans l’aire
que dans le reste du
département. La forme plus
légère de l’ouvrier paysan au
noir, perdure près du centre
rurbain, par exemple, encore en
1985, à Saint-Malo-de-Guersac.
L’entourage écologique,
l’héritage technique polyvalent
expliquent l’importance de la
pêche, de la cueillette marine,
de la chasse. Sur le marais, le
fleuve, la mer, une production
souterraine générale et
systématique, souvent marchande.
Même si l’on fait abstraction
des compléments monétaires
marginaux de revenus, l’ensemble
des autoproductions domestiques
masculine ou féminine et des
échanges, à l’intérieur du
lignage, de biens et de services
se cumulent en un massif
évitements du marché. Les
liquidités monétaires dégagées
permettent le projet la
stratégie patrimoniale ou
potentiellement scolaire. |
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L’homme à la barque
Eaux-fortes de J-E Laboureur,
1932 |
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Après le petit train la
voiture ou l’autobus ont intégré
les briérons à l’activité
urbaine. |
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L’ouvrier
petit-patrimonial, la vallée des
castors et le HLM |
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Le
patrimoine ouvrier est d’abord
hérité, d’origine paysanne ou
artisane. Les pères et grands-pères agriculteurs sont
plus héritiers, plus
propriétaires que leurs
congénères départementaux:
presque vingt points de plus que
ceux de l’aire de Châteaubriant.
En Brière centrale, le fonds
paysan, passe entier en mains
ouvrières. En 1962 les ouvriers
sont ici plus propriétaires que
les cadres. En 1982, malgré
le prolétariat central, les
ouvriers et employés restent
plus souvent héritiers de leur
maison que les cadres supérieurs
ou moyens. Mais le patrimoine
c’est d’abord ici, et de tous
temps, une mobilisation, pas un
attribut passif.
L’extrême mobilisation pour
l’accession, bénie par l’Eglise,
invoquée par l’Etat, souvent
induite par l’entreprise, fut
d’abord familiale. Débauche de
travail même si le capital
d’enracinement s’ajoute à cet
effort: le réseau du lignage
rural aide et prête[36]
En 1982, 45% des ménages
ouvriers sont ici accédants (28%
sur la France), maximum absolu
sur quatre vingt quatorze
départements. L’accès au
micro-domaine domestique est ici
le modèle même de la vie
accomplie. La maison-domaine est
but, la propriété moyen. 60%
sont propriétaires (43% pour la
France ) mais 72 % maîtres de
maison individuelle, autant que
les cadres supérieurs, 94% en
périphérie. En un siècle le
modèle est devenu la norme. Pour
tout l’Ouest de
l’industrialisation des Trente
Glorieuses, ce fut la vraie
grande affaire ouvrière.
Etonnante entrée en classe
ouvrière par la propriété, pour
le flux des fils de paysans
souvent eux mêmes sans terre.!
Mais le caractère exceptionnel
de l’aire c’est le cumul de
l’héritage, l’intensité de la
mobilisation, et l’engagement
auto constructeur. En 1990, on
n’est plus que marginalement
constructeur mais on reste, à
vie, transformateur[37] Le
H.L.M., -moins de 11% des
résidences principales
représente ici, pour le chef de
famille stabilisé, le stigmate
spatial de la prolétarisation
achevée, de la vie privée de
toute autonomie... La proportion
de ménages anomiques, d’isolés
de femmes monoparentes y est
très forte, intense la
délinquance. |
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L’ambivalence de la
possession |
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Haut (ou double) salaire, maison
séparée, sol cultivé,
construction récente,
disposition minoritaire mais
croissante de deux voitures
voire d’une résidence
secondaire... les plus
avantagés, les plus mobilisés
auraient-ils tout pour eux ?
Trop d’écart révèle une tension
intime. Nationalement
l’accession corrèle avec
l’alcoolisme et, dans une
moindre mesure, le suicide[38].
L’invasion du temps libre par le
travail immédiatement productif
pour soi devient obstacle à
l’investissement plus vital, la
scolarisation, la formation
continue. Le chômage, l’effet
pervers de la désinflation sur
les traites, la précarisation
croissante des couples touche ce
fragile équilibre. La somme de
ces tensions c’est aussi
l’intensité de la délinquance.
Finalement la mobilisation
domestique obsessionnelle peut
produire ou rejoindre ce qui
constitue sa négation:
l’attentisme prolétarien et
l’abandon aux processus
économiques.
Depuis
vingt ans toute cette
mobilisation a modifié le
paysage de l’aire. Trignac a
fait un bond vers la propriété
mais c’est surtout par ses
nombreux immigrants récents
arrivés des villages autant que
de la ville; certains
prolétaires anciens qui restent
locataires se sentent, eux, un
peu moins chez eux[39]. Quant au
prolétariat de la ville de
Saint-Nazaire, il reste toujours
aussi oublié. Le succès des uns
contribue à enfoncer les autres.
L’écart à la nouvelle normalité
de classe devient stigmate
supplémentaire. Difficile à
vivre pour les restants ! |
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QUEL QUATRIEME AGE
NAZAIRIEN ? |
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Dans toute l’aire, sur le temps
long du vote social entre 1935
et 1987, l’essentiel, malgré un
recul continu, c’est la force et
l’équilibre relatif des
syndicats; c’est aussi la
rupture de cet équilibre par
l’ascension du bloc chrétien :
23, 5 % de voix de l’industrie
en 1935, 42, 2 en1982 mais 41 en
1987 (pour la somme
C.F.T.C..-C.F.D.T..) ; le bloc
laïc résistant autour de 55%.
L’ascension du bloc
chrétien suit l’arrivée
des dépaysannés, s’interrompant
quand cesse la création
d’emplois masculins.
La tertiarisation des années
quatre-vingt ne modifie pas
l’équilibre sauf en contribuant
au recul de F.O.. gardienne du
métier masculin. L’entrée des
femmes dans le salariat dessine
les futurs rapports de force.
Non par un clivage culturel
hommes-femmes mais par l’ampleur
et la rapidité de la
contribution des trois peuples à
ce dernier flux. Le bloc laïc,
handicapé, progresse pourtant
(par la C.G.T.) dans la
campagne activiste.
Le
maintien de la
croissance chrétienne dans le
centre rurbain est plus ambigu.
Est-ce un renfort d’ouvriers
d’un bloc laïc miné par l’accès
à la propriété? L’effet
patrimoine défavorise le
communisme mais ne transforme
que lentement les mentalités.
Notre étude sur les années
soixante, soixante-dix montre le
lien étroit du bloc chrétien
avec la propriété mais seulement
dans son ancrage et sa genèse
rurales, nous savons peu de
choses des citadins. Le lien
social du laïc est d’abord
culturel avec l’école publique,
et écologique, ancré sur
l’estuaire et la côte. Les gains
C.F.D.T.. dans le canton de
Montoir et en ville procèdent en
fait des migrations et du
chômage sélectif vidant les
usines des voix du premier
peuple.
Avec
l’épuisement du vivier paysan un
simple chassé-croisé spatial
relaie-t-il l’ascension du bloc
chrétien? La défaite de la CGT.
aux Chantiers en 1990 est-elle
stratégique ou simple mouvement
d’humeur de fin de grève ratée?
Indécidable! Mais le jeu profond
des blocs ne résume pas la
réalité. La perte par F.O. de
24% de ses voix en dix ans
menace la structure trinitaire
de direction du mouvement social
installée en 1947[40] comme
expression des trois peuples.
Sans cette trinité on changerait
d’ère[41].
L’aire
condense intensément l’immense
mutation du passage à
gauche des salariés de la
dernière industrialisation
transférant l’unité syndicale
rêvée en politique réalisée. Au
vu des chiffres de premier
tour, le gain parait minime (43,
7% de voix à gauche sur l’aire
en 1946, 48, 1 en1978). Mais le
vrai point de départ est dans
les 29% de 1958 .Si la Gauche de
la ville ou de Trignac ne
retrouve jamais les résultats
plébiscitaires qu’obtiennent
leurs maires en 1946, les
cantons de la périphérie
changent de monde (Herbignac
passe de 20% en 1946 à 49% en
1988 au premier tour).
Le sud résiste davantage mais la
Brière centrale tend vers
l’unanimisme avec 65, 3% en
1988. Les étapes du passage sont
attendues -personnalisation
présidentielle du vote, Unité de
la Gauche-et inattendu, le lien
aux grèves extrêmes; ainsi en
janvier 1956 et en Juin 1968,
où, cas unique en France, le
passage ne s’interrompt pas.
Le bloc chrétien tire ici le
mouvement de mai et renforce la
S.F.I.O.. et le P.S.U...[42] La
politique ouvrière fut ici
bipolaire culturellement (droite
et centre droit contre Gauche )
et trinitaire du point de vue
partisan (M.R.P... S.F.I.O..
P.C.).L’éviction du M.R.P.. en
1964, l’entrée du bloc chrétien
dans le P.S. mènent au
bipartisme apparent; mais c’est
dans un P.S. devenu bipolaire
qu’il faut suivre le chemin des
deux blocs.
L’ultime
question est aujourd’hui le
maintien même du bipartisme dans
une gauche survivante dévorée
par une social-démocratie
devenue libérale et
européiste[43].
Le premier peuple lâche le P.C.
qu’il avait rejoint entre 1946
et 1950. Le communisme
originairement faible, était
resté ici conquérant (c’est la
S.F.I.O.. qui reculait avant la
greffe chrétienne). Il culmine à
15,3% des voix sur l’aire en
1978 date d’apogée des sites
ruraux. Trignac et les cités
ouvrières de Saint-Nazaire,
fiefs d’un premier peuple si
proche lui même de la logique de
citadelle assiégée, lui donnent
un étonnant maximum de guerre
froide en 1951. Liées à
l’ancienneté ouvrière, ou à la
clôture culturelle, plus qu’à la
dépossession, les voix des
martin-pêcheur du Croisic et du
noyau briéron culminent en
janvier 1956 en Brière, dans le
fil de l’épopée de 1955, ou en
1978 au Croisic.[44].
Le
reflux se noue entre 1978 et
1981. Mais, paradoxe,
l’effondrement vient de la ville
: 7, 5% des voix en 1988 au lieu
de 23 en 1978. Les prolétaires
en voie de re-prolétarisation
lâchent plus le Parti que les
briérons possédants étudiés par
Julian Mishi. Trignac autonome
et homogène maintient la
fidélité malgré la relative
entrée en propriété de ses
prolétaires. Dernier verrou ou
base d’une reconquête ? On a
l’habitude, ici, de l’isolement. |
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Le moment actuel (années
1990) [45] |
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Le moment actuel semble celui
d’une homogénéisation par la
propriété, l’école, la
professionnalisation des femmes.
Les deux blocs culturels avaient
en commun une sorte d’anarchisme
ethnocentré et localiste. La
référence verbale à
l’universalisme des Lumières
pour les uns, à celui du
Christianisme pour les autres,
devient active lors des Trente
Glorieuses derrière les
militants d’un communisme
conquérant et d’un christianisme
anticipant ici Vatican II. L’un
et l’autre s’éloignent avec
l’affadissement des utopies les
réflexes petits possédants. |
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Restent deux mondes interactifs
plantés là. |
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Vers un conservatisme
ouvrier ? (2009) |
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Mais ce quatrième âge nazairien
est aussi celui d’une
polarisation accrue. Les vrais
prolétaires et quelques autres
basculent, hors de l’intégration
de classe, dans la
marginalisation. Entourés par
l’aisance et
la patrimonialisation de leur
ex-classe, ils cumulent
l’héritage sans terre, ni toit,
la sous-qualification du
travail, la précarisation de
l’emploi et désormais celle du
couple, l’érosion de la
solidarité dans les espaces
urbains qui n’intègrent plus,
l’exclusion de l’école longue et
du travail même. Ils sont les
seuls à ne point avoir de peuple
d'accueil. La fin de la
migration paysanne en ville, son
accélération à l’entours, son
inversion même brouillent les
cartes.
La partie
mobilisée du bloc chrétien
va-t-elle ici s’identifier au
modernisme concurrentiel ? Qui
saura garder un lien entre les
peuples éclatés, entre le
prolétariat nouveau et l’Etat,
la société ?
L’identité
ouvrière garde, comme dans la
relativement homologue
Manchester, une grande force ;
sa mobilisation reste
culturellement possible mais la
scission matérielle et sociale
s’approfondit, au sein de l'ex
(?) classe ouvrière, entre
le premier peuple et les autres.
Le décrochage du communisme dans
la ville annonce-t-il la
régression populiste xénophobe ?
Le capitalisme tempéré a-t-il un
horizon nazairien écrivions nous
en 1991. En 2009 la question
devient jusqu'à quand ce qui
reste d'Etat français non
asservi à l'appareil libéral
européen paravent d'une nouvelle
grande Allemagne, protégera-t-il
la construction navale déjà
happée par un capital étranger ?
Combien de temps ce même
Etat tiendra t-il face à une
Allemagne que l'on a laissé
imprudemment et contre les
Traités récupérer une industrie
aéronautique et qui désormais
parle haut du sein de ses
intérêts nationaux réaffirmés
sans complexe pour prendre
l'hégémonie dans une EADS dont
Hambourg serait la capitale ?
Avec l'immense crise systémique
qui s'installe et sur fond de
réalignement de la France sur le
système américain déclinant, via
l'OTAN, la défense plus globale
d'une aéronautique européenne
redevient problématique ; les
américains n'ont qu'à laisser
couler le dollar face à l'euro
des vieux rentiers de l'Europe
sans enfants pour que
l'aéronautique européenne
s'effondre.
Plus que
jamais l'avenir ouvrier de
Saint-Nazaire est dans tous les
sens du terme, populaire, dans
le vif tissu des solidarités
infra populaires locales, dans
la défense acharnée d'une
souveraineté nationale, seule
cadre de résistance conséquent
face à la prédation générale
que, plus encore que la
mondialisation sa crise sans
issue pensable, ne peut
qu'hystériser. Et nous n'en
sommes qu'aux débuts.
(2008-9) A la question de 1991,
il faut désormais intégrer les
métamorphoses apportées par le
temps désormais toujours plus
structuré et structurant de la
mondialisation (réversible ?
2009). Les catégories politiques
du 19° et du premier vingtième
sont devenues caduques et leur
sens radicalement inversé. Le
mouvement que
les progressistes survivants
continuent de déifier les yeux
opacifiés par l'idéologie
fossile, n'est rien d'autre que
le procès même de la
mondialisation accéléré et
verrouillé par les politiques de
"réformes" de ses serviteurs
politiques, euromondialistes
affichés "à droite",
eurolibéraux honteux "à gauche".
Le conservatisme, sur
les acquis sociaux juridiques
contractuels, et sur la
maintenance des fondamentaux
anthropologiques de la common
decency, a désormais sens,
subversif, de résistance. C'est
ce que les euro-mondialisés
tentent d'exorciser comme
"populisme"...Hommage du vice à
la vertu, cette résistance est
effectivement d'abord
populaire. A la problématique
tendancieuse du conservatisme
ouvrier pourrait bien désormais
devoir se substituer celle d'une
résistance, par définition plus
large que celle des
appartenances liées au seul
travail. Pourquoi ne pas
conclure sur cette perspective,
qui est celle de notre "les
ouvriers de la classe au
peuple". |
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Vers une résistance
populaire ? |
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Toutes ses composantes
doublement enracinées ici dans
le territoire et la mémoire, y
compris celles des "luttes"
possibles, sont réunies. Le
sujet nazairien n'est pas mort,
loin de là. Certes il n'a pas de
nom conceptualisable encore...
Un diktat sociologique ne
saurait brusquer l'histoire plus
que jamais ouverte. Le quatrième
flux, celui des femmes,
sera-t-il à son tour porteur de
l’esprit de l’aire entière ou se
contentera-t-il de reproduire
les anciens partages des trois
peuples ou des deux blocs et
cela se fera t-il aux dépens de
l’insularité[46] ? En 2009, il
ne semble pas que n'en déplaise
à beaucoup de prêt à penser
politiquement correct, la
généralisation, encore relative
cependant eu égard à l'Ouest
intérieur ou à la région
parisienne, de l'activité des
femmes tout au long de la vie,
ait apporté un esprit
spécialement nouveau. Ce
quatrième flux ne saurait
évidemment être un quatrième
peuple.
Tout le moins
peut-on dire que cette
prolétarisation accrue du ménage
populaire constitue en cas de
cataclysme économique et de
chômage thatchérien facilitera
une survie adaptative plus ou
moins provisoire. Dans ce viril
univers breton et productif,
l'acceptation culturelle d'un
entretien des hommes par les
femmes est un impossible.
L'hypothèse du pire (jamais sûr
comme on sait) pourrait aussi
être celle d'une insurrection.
Saint-Nazaire est de ces viviers
de vitalité populaire de temps
très long de l'histoire de
France que trente ans de
mondialisation et de régression
sociale et économique ne
sauraient avoir tari. Et si
devait resurgir selon
l'expression de Roger Dupuy, une
"politique eu peuple", elle
pourrait peut-être y retrouver
un bastion. Les évènements de
janvier 2009 en sont peut-être
(ou pas ? ) le prodrome. |
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NOTES |
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Les ouvriers de
Saint-Nazaire ou la double vie
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[1] L'étude
de l'aire ouvrière de
Saint-Nazaire (Ouvriers de
l'Ouest II) se présentait dès
son élaboration en 1990-1,
d'abord comme une monographie
territoriale contextualisée, terrain-microcosme
quoique singulier des ouvriers
des sociétés de l'ouest, mais
plus encore peut-être comme
expérimentation, mise à vif sur
une personnalité collective
historique, de la théorie de
la prolétarisation qui constitue
un axe de longue durée de nos
travaux ouvriers depuis 1977.
Nous l'avions délibérément
minorée dans le texte de 1983.
Ce texte d'une réédition en 2008
des ouvriers
nazairiens (devenus de
Saint-Nazaire pour cause de
lisibilité par les moteurs de
recherche) est largement remanié
et complété dans son essai
introductif et dans sa dernière
partie et dans ses notes, Si ce
travail repose d'abord sur un
lourd défrichage et des
élaborations statistiques et
ethnographiques de première
main, notre dette envers un très
grand nombre de travaux est
manifeste. Impossible de les
détailler ici sauf les lus
référentiels qui nous ont le
plus nourri : Marthe Barbance,
Nicolas Faucier, l’AREMORS,
Bernard Hazo, Louis Oury, et,
surtout le Chanoine Vince dont
le, Entre Loire Et Vilaine nous
donna les pistes les plus
féconde. Pain de l’analyse de
première main, les documents des
Unions Locales, les interviews
de dirigeants (Paul Malnoë, Jean
Lescure, Robert Bigaud) de
dizaines de militants, avec
l'aide de Patrick Delasalle, les
séries et analyses l’I.N.S.E.E.,
du Comité d’emploi Bassin de
Saint-Nazaire, la presse
locale, Statistiques et
Développement de l’INSEE des
Pays de Loire. On s’appuie aussi
sur nos travaux antérieurs avec
Patrick Delasalle, publiés
depuis 1977 ou en cours au
Lestamp-Association et Habiter-Pips
(Université de Picardie Jules
Verne), et sur les travaux
menés dans le cadre du
L.E.R.S.C.O. par Jean Pierre
Fleury, qui nous emprunta sa
grille d’analyse spatiale de la
Brière, par Jean-Paul Molinari
appliquant au recrutement
communiste notre problématique
de la prolétarisation, par
Christian Morinière pour le
regard d'économiste. Il n’est
pas question d’actualiser tout
ce qui s’est publié depuis la
première édition de cet article
sans notable renouvellement.
Mentionnons une exception
importante, pour la mise en
œuvre d'une totalisation
historique et un sens des
complexités devenu si rare en
sociologie politique, Julian
Mischi, Traditions politiques
locales et communismes ouvriers.
L’implantation du Parti
communiste français dans la
région de Saint-Nazaire AREMORS.
Saint-Nazaire 1998, et Entre le
marais et l'usine Mise en scène
briéronne du communisme dans la
communauté ouvrière et rurale de
Saint-Joachim. Institut d'Etudes
Politiques Grenoble 1996. Il a
depuis également publié un
article sur la chasse ouvrière
et élargi l'analyse à la
politique populaire en milieu
rural, thèmes que nous avions
développés sous forme d'une
communication aux journées du
Lestamp de 2001, Acculturation
des milieux populaires sur une
double analyse de la chasse en
Basse Loire et des données
départementalisées de la chasse
et du mouvement CPNT depuis son
apparition aux élections
européennes de 1984. Cette
communication intervenant au
moment où l'Université de Nantes
nous privant des moyens
matériels d'exister comme
laboratoire, ces journées, dont
le traitement de texte nous fut
dérobé, n'ont jamais été
éditées, |
|
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[2a] Un chantier (canterus, pièce
de bois, cheval de bois, celui
de Troie fut aussi un chantier)
n’est jamais originairement
qu’un échafaudage d'abord de
bois quelque peu géant et
spectaculaire qui étaie une
construction ; celui qui y
travaille est toujours quelque
peu acrobate et sa vie exposée
quotidiennement à une nature
sans aménité et toujours dans
l’imaginaire réalisable de la
chute mortelle ou de
l'écrasement. Le chantier,
construction toujours fugace,
est un comme un cirque profane
ou nul public ne vient pour
frémir ou applaudir hors la
liturgie restitutive finalement
du lancement ou de
l’inauguration.
[2b] En
un an étaient apparus 2000
chômeurs à Saint-Nazaire, plus
de 700 dans le village de
Trignac et autour de 400 en
Brière. Le leader de la CGT
Jouhaud qui s'exprime à Nantes,
Jouvence, dénonce "l'absurdité
du système capitaliste
destructeur de biens,
organisateur de gâchis, qui
détruit le blé, laisse le
charbon dans la mine, alors que
tant d'êtres humains souffrent
de froid et de faim"? C'est
localement oublier la
prolétarisation inachevée qui
permet la survie des villageois
et des ruraux, mais le contexte
mondial devient lui tragique, 7
jours après l'arrivée des
nazairiens à Nantes, Adolf
Hitler devient chancelier du
Reich. |
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[3a] Pour la fonction
qu’incarna le premier maire de
la Section Française de
l'Internationale Ouvrière
(SFIO), François Blancho, voir
Marthe Barbance, Saint-Nazaire,
Le port, la ville le
travail, Crépin-Leblond et
Philippe Le Pichon in Ecomusée
de Saint Nazaire, Saint-Nazaire
et la construction navale. 1993)
[3b].Sur
la singularité et la
singularisation en miroir
de Nantes avec qui les militants
nazairiens furent, dès la
refondation portuaire et
industrielle de Saint-Nazaire
autour du port et de la
construction navale, en
concurrence à la fois
antagonique et mimétique, voir J
Réault, Nantes L'excès-La-Ville.
Un essai d'identification in
Lersco, Philographies. Nantes
ACL Crocus 1987. Dès la première
édition de ce texte dans La
Tribune de Loire-Atlantique l'orwellienne
année de 1984 (signé Lauter),
nous profilions une ville
aux ouvriers chassés vers les
confins de l'agglomération ou
intégrés à ces "moyennes"
couches salariées, improbables
héritières des flamboyants
excès. En 2008. Ce sont bien les
cadres très insuffisamment
nommés, tertiaires, mais aussi
patrons et les clientèles de
l'Etat culturel décentralisé, si
puissant ici, qui tiennent
idéologiquement la ville. Voir
sur l'interférence entre un
secteur économique culturel
pléthorique et les pouvoirs
locaux, Guinebreteau et alii..(Economica
2004), Nantes, de la belle
endormie à la capitale
culturelle de l'Ouest et notre
communication ( De la
Basse-Loire au Lieu Unique,
sublimation ou inversion
culturelle), au Colloque du
CEFRESS à Flixecourt, Friches
industrielles et mémoires : du
paternalisme aux
réhabilitations, 22, 24 mars
2007 Université de Picardie
Jules Verne |
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[4] Le salarié
typiquement anthropologique autant
qu'historique, de la fulgurante
analyse de Marx. Réduire le
salarié à la figure
d'une aliénation (sauf la
réduire au sens de vente - de
sa force de travail - c'est
ignorer et la contradiction dans
l’essence même des hommes en
rapports sociaux et
l'intelligence d'un Marx
souvent plus fasciné par le réel
que par son latent marxisme. |
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[5] 2006. Sur ce thème
depuis 1983, le maître-livre de
Roger Dupuy, La politique du
peuple. XVIII°, XX° siècle.
Racines, permanences et
ambiguïtés du populisme Albin
Miche2002 |
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[6] Bobos ? David
Brooks, Les bourgeois
bohèmes . Le Livre de poche
2000. Le terme désigne en France
"l'upper" classe
culturelle (Todd 1998) cumulant
tous les avantages de salaires,
de position centrale urbaine, de
monopolisation des scènes
médiatiques, drapés dans la
référence plus que
l'appartenance, « de gauche »,
l’empire du bien moralisateur,
caritatif sous caméras,
européiste voire mondialiste ...
et surtout l'antipeupliste. (E.
Todd, L'illusion
économique Seuil 1998). Sous son
règne, l'insulte de la
disqualification politique est
"populisme" |
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[7] Bobos inséparables
des classes parlantes, selon
l'expression du chanteur et
critique culturel Jacques Bertin
dans ses chroniques de Politis:
En deçà des étranges écrans
médiatiques, la finance
mondialisée, et toutes sa
nébuleuse
de médiateurs idéologiques et cultureux,
déverse, pour mieux dissoudre
les sujets politiques,
la souveraineté du fantasme (P.
Legendre) vers ceux qu'elle
infantilise, irrationnalise,
désinstituant ceux qui se
croient citoyens. Leur arrogance
de monopolisateurs des scènes
leur donne l'illusion d'être les
maîtres d’une nation désymbolisée et désinstituée (Dany-Robert
Dufour), quand ils ne sont
peut-être que les prédateurs
relatifs et résistibles de ses
mémoires, de sa langue, de ses
cultures et des institutions
tout ce qui peut représenter
des sujets de l'histoire et
permettre de résister à la
mondialisation. La toute
puissance est leur principale
imposture, souvent relayée par
un verbalisme gauchiste ancré
dans le bourdivinisme momifié
dont l'affichage critique
radical les éternise par
l'idéologie fixiste de
la reproduction. Chaque vote
pourtant contredit leur pouvoir
sur les esprits non massifiés,
c'est à dire l'immense majorité
des adultes travailleurs, de
1992 à 2007(?) en tout cas 2005,
à l'instar des vagues de révolte
que ce peuple engendre pour le
moins du printemps 1789 au
solstice d'hiver de
1995 (.2006-8) |
|
|
[8a] On ajoute ici le
pluriel au concept
d'anthropologie historique de
Roger Dupuy.(Op.cit).
[8b] Sur l'évènement évoqué,
l'effondrement de la passerelle
servant à la visite du navire
terminé, lire le très bel
article du 22 mars 2009 (sur de
multiples sites Web) de Luc
Douillard, dont la pertinence
double anthropologique s'impose
dans une société de la
mondialisation c'est à dire de
la servitude (Guy Bois), au ou à
proximité du supposé pays de la
soumission. Son titre et son
texte sont disponibles, Une cause
méconnue du drame de la
passerelle du Queen Mary : la
sécurité-gardiennage ? La
soumission à l’autorité ? |
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[9] Porte immédiate de
l’Aquitaine antique, par la
profonde Vendée et ce troublant
Pays de Retz, le Pont de
Saint-Nazaire merveille de
puissance aérienne, arabesque au
dessus de la vaste copulation de
la Loire et de l’Océan, Pont de
La Roche-Bernard sur la Vilaine,
frontière très magique d'une
renaissante celtitude de
prospérité. |
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|
[10] Le groupe financier
EADS qui englobe Airbus
industrie n’existe en dernière
instance que grâce aux ambitions
flamboyantes de l’apogée du
Gaullisme (entre Le Concorde et
Ariane) n’a-t-elle pas son siège
en Hollande et quatre autre
composantes nationales,
allemande, anglaise, et
espagnole ? |
|
|
[11a] 2006.Les
transformations inséparablement
techniques/économiques offrent
un registre où l’on peut
invoquer une évolution (et
encore en évacuant l’historicité
du rapport du mode de production
à l’usage sélectif des
technologies via l’organisation.
Pour le reste décidément,
pensons histoire, territoire et
entre les deux, anthropologie.
[11b] Classe
ouvrière ? Anachronique
référence, (Voir newsletter
www.sociologie.cultures, notre
introduction à Où en est la
classe ouvrière Pour un lieu
commun des sciences sociales.
Qui plus est en novembre 2008 !
Certes, et déjà en 1991 lorsque
nous écrivions cela ; mais s'il
reste une ville en France encore
hantée, donc habitée encore par
cet immense sujet historique qui
dura deux siècles, ce ne
peut-être qu'ici où c'est
la Loire qui irrigue toujours
l'atlantique économie-monde. La
Loire emporte mes pensées? Mais
sommes nous si loin dans
l'homologie des conjonctures, de
l'Aragon des Ponts de Cé de juin
1940 (Les Yeux d'Elsa, Seghers
1942, 1962).
La Forme pourrait-elle sans lui
encore engendrer ces navires si
fascinants et si identifiants
pour toute une nation, que les
quasi gouverne -ments d'un pays
à souveraineté limitée de la
poreuse Europe, sont contraints,
N Sarkozy compris, de se porter
encore garants de sa pérennité. |
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|
[12a] L’aire
d’emploi de
Saint-Nazaire révélée sous la
grille administrative, fédère,
sans les effacer, les
anciens pagi gaulois, cantons,
virtuellement pays (pagi) La
configuration de l’aire a varié
depuis que l’on perçoit les
réalités sociales par cette
médiation vers 1967 au tournant
récessif des Trente Glorieuses ;
Notre méthodologie statistique
passant par les unités locales
cantons et communes, on a u en
passer par le quadrillage spatio-administratif.
Il faut faire d’entrée une
réserve. Socialement et
culturellement, la singularité
du Sud de la Loire en Pays de
Retz déjà aquitain, est très
forte et l’intégration à une
culture unique d’aire beaucoup
plus problématique - sauf au
bord de l’eau - que celle des
cantons plutôt bretons du Nord
même lointains. Ainsi le canton
morbihannais de La Roche-Bernard
fait encore partie de l’aire en
1968, pour ses migrations
alternantes présentes mais aussi
pour ses liens historiques
anciens, alors qu’on peut
hésiter sur celui de Bourgneuf
au sud dont même les migrations
alternantes restent faibles avec
le Centre urbain. Dans une étude
de 1977 nous l’avions
conventionnellement exclu. Le
pont a fini par la
réintroduire. En 1968 on a donc
dix cantons en Loire Atlantique
(onze si on compte Bourgneuf)
sept au Nord, trois au sud. Au
total 54 communes. En partant
du centre, le centre
urbain-rurbain d’abord c’est
l’ancien vaste canton de
Saint-Nazaire, auquel on peu
adjoindre celui du Croisic et la
fraction côtière de celui de
Guérande. On a ensuite le centre
rural anciennement salarisé (la
Brière dépecée, sans doute
intentionnellement, par les
cadres administratifs, autour de
la commune de Saint Joachim à
l’ouest du canton de
Pontchâteau), et le canton de
Guérande de 1990. Au Sud le
canton de Paimbœuf a d’anciennes
proximités fonctionnelles avec
le centre nazairien ; le canton
de Pornic est le
pendant sudiste de celui du
Croisic. Les périphéries sont
constituées au Nord par les
cantons bretons gallo ruraux de
Saint-Gildas-des-Bois et
d’Herbignac de surcroît maritime
et des cantons de Saint Père et
de Bourgneuf au Sud. Pour les
phénomènes de bloc
culturels nous isolons
fréquemment les cantons
côtiers de Pornic et du Croisic
pour la résistance laïque de
leurs communes maritimes, des
cantons ruraux du sud pour
leur cléricalisme. Souvent les
faits culturels et sociaux
induisent un regroupement du
centre urbain et des cantons
côtiers. Les migrations intenses
ont atténué ces contrastes. Le
canton de Savenay est plus
marginal périphérique par le
nord et polycentré par l’est où
l’influence nantaise est
dominante, mais il est presque
séculairement ancré à
Saint-Nazaire par la
circonscription politique,
séculairement charcutée pour y
diluer les cultures ouvrières.
En 1990 l’ancien canton de
Saint-Nazaire, est scindé en
quatre cantons de Saint-Nazaire
Ouest avec Pornichet,
Saint-Nazaire -centre et
Saint-Nazaire-Est et de
Montoir-qui contient Trignac la
rouge et condense toutes les
traditions et métamorphoses
ouvrières ; La Baule, station
bétonnée des loisirs en archipel
de la mondialisation, forme
désormais un canton séparée de
celui de Guérande. On néglige
d’autres remaniements communaux
dans le sein des cantons
existants. Au total dans le même
espace en Loire Atlantique qu’en
1968, 14 cantons.
[12b]
Le Marx de la section VI du
Livre I du Capital, qui, emporté
par sa fascination à l'égard de
la bourgeoisie fait de la
reproduction du travailleur une
simple fonction de
l'accumulation du capital, avait
au moins l'excuse du délire
théorique inventeur. Ses
épigones lointains et prétendus
sociologues qui réduisent les
vies des travailleurs à une
zoologique "domination" toujours
reproduite, et leur
appropriation privée du monde
(la maison etc., ) la maladie
d'un imaginaire prolétariat, -
celui de Staline et de
l'admirateur de ses Questions du
léninisme transposées en
"sociologie de la classe
ouvrière" -, ne sont plus que
des idéologues et des
imposteurs. |
|
|
[13a] On ne traite pas ici
de la morphologie pourtant très
spécifique de l’espace urbain
reconstruit à la soviétique,
tournant le dos à la mer, centré
sur la mairie longtemps sans
espace accueillant de
convivialité urbaine. Voir,
Ecomusée de Saint-Nazaire, Saint
Nazaire et la construction
navale 1991. En revanche
l'institution municipale, acteur
toujours plus séparé (Engels) ne
pouvait plus, dans les
rééditions de 2006-8,rester
allusive
[13b] Nous
nommons peuple ici, dans un
usage à moyenne portée , tout
ensemble de catégories ou d'ex
"fractions de classe"(?)
coexistant par l'habiter et les
formes de vie, en milieux
sociaux spatiaux hétérogènes
ayant leur propre unité
culturelle mémorielle,
modalement dans une temporalité
plus longue que certaines de ses
composantes. Au sein de ces
milieux populaires, (populaires
aussi parce que communalisés
en milieux,) le ton peut-être
donné par tel ensemble
catégoriel : paysan, catégorie
ouvrière, instituteur, mais le
propre d'un peuple dans cette
grammaire restreinte, est
l'existence d'une koinèe :
communauté culturelle
d'ascendance, pérenne. |
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[14] Peuple encore, 2006
sur ce concept historique dans
le prisme des sociétés de
l’Ouest, nous avons publié
depuis la première édition de
cet article, in Annales de
Bretagne et des pays de l’Ouest,
"Les trente glorieuses de la CGT
nazairienne et les aléas de la
mondialisation”. In La CGT en
Bretagne un centenaire Annales
de Bretagne et des Pays de
l’Ouest. PURennes 1995-3, et
avec J. Deniot, Du Commun, et
Des cultures
populaires (disponible sur ce
site) On s'y référera cet
article leur empruntant peu. |
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[15] Bernard Edelmann, La
Légalisation de la classe
ouvrière. Christian Bourgois |
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[16] Gilbert Declercq,
tribun exemplaire du moment
(dépassé) d'une CFTC ouvriérisée. |
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[17] Gauche
culturelle alias classe
culturelle. Sens à situer entre
E Todd, l’illusion
économique, sur la classe
culturelle anti-peupliste, o.c.,
et l’Etat culturel à référence
Jack Langiste qui fournit à
cette oligarchie un cadre
institutionnel et idéologique.
Nantes est devenue une des
capitales idéologiques de cette
culture unique d’Etat et
d’oligarchie enrobée de (post)
culture sous l'égide d'un binôme
organiquement lié depuis 25 ans,
J Blaise et J M Ayrault. Pour
une principauté territoriale néo
féodale d'un l'estuaire
dépaysé fantasmatiquement
affranchie de la souveraineté
française ? La critique la plus
aigüe de l'Etat culturel ne
pouvait venir de la post-gauche
qui l'a engendré dans sa
dépopularisation, à l'exception
quasi unique de Jacques Bertin
(Chroniques du malin plaisir Corlet
2004) qui a payé cher son
courage intellectuel. Il faut
d'abord lire la pensée d'en face
quoique souvent marquée par un
radicalisme du désespoir : Marc
Fumarolli, le plus modéré mais
inventeur de la formule sur une
base uniquement culturelle,
Philippe Muray, interviewé par E
Lévy, Festivus Festivus ou dans
les essais d'Après l'histoire,
et, le plus conséquent
philosophiquement, donc le plus
réfutable, Renaud Camus, La
grande déculturation, Fayard
2008. C'est l'objet de nos
travaux en cours, proposant un
étayage plus totalisant du
concept entre la critique
anthropologique d'E. Todd
(op.cit. sur la "classe
culturelle"), l'approche
culturelle de la mondialisation
de Denis Duclos, Naissance de
l'hyperbourgeoisie (Monde
Diplomatique août 1995), et une
réintégration autour de ce que
nous nommons, rapports sociaux
de la mondialisation, d'un
apport créatif de la pensée
marxienne au 21 siècle. J Réault,
L'Etat culturel et ses classes,
Etats d'Arts, Journées d'étude
Lestamp-Habiter-Pips. Nantes 17
avril 2008. Encore inédit. |
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[18a] Dans La vie des
Travailleurs C.F.T.C..que nous
avons intégralement dépouillée,
en 1935 ce poème que résument
ces vers. Tu vas partir Fanchon
pour une grande ville, n’oublie
pas.// et j’en serais
tranquille, d’aller et d’adhérer
au syndicat chrétien. La
configuration de
nos blocs, gramsciens (?),
croisant ceux de Gérard Althabe
décrivant la situation nantaise
en 1983 (La Tribune de Loire
Atlantique Novembre1983) ; mais
notre Bloc laïc n’est pas son
noyau partisan intégriste
caricaturé par la 2°
Gauche, mais le socle culturel
historique et authentique du
mouvement ouvrier républicain. |
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[18b] Les élections
prud'homales de décembre
2008 ont peu touché aux
équilibres, le souffle qui
portait le bloc catho est bien
tombé. Est-ce à dire que cette
problématisation dualiste a
perdu sa vis heuristique. La
mondialisation et la crise
systémique qu'elle vient
d'engendrer bouleverse tout ? On
fera à cela deux réserves. D'une
part, la prolétarisation
inachevée qui en est la base
familiale économique et sociale
est toujours aussi puissante ici
(et avec elle peut-être une
place pour les dérives troubles
et régressives du ségolénisme,
ajoutant dans l'Ouest, à la
verticalité du père primitif de
la communication de masse,
le maternalisme latent du
catholicisme d'Ancien régime).
D'autre part, on sait avec
Braudel, ou sans lui par tant
d'inerties historiques, que les
mentalités sont prisons de
longue durée. |
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[19] Sur le lexique des
Chantiers, entre roman et
témoignage sur l’épopée de 1955,
Louis Oury, Les prolos. Denoël.
1973 |
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|
|
[20] Le patronat des Forges
de Trignac ne pouvait,
contrairement à celui des
Chantiers navals, spéculer sur
la double activité ouvrière, il
faut des services et des œuvres,
que le concept
de paternalisme simplifie par
trop, pour le logement, la
santé, le transport, voire la
consommation, bases de
socialisation de
classe collectiviste des
trignaçais, rare à l’Ouest. Sur
Trignac, le bel apport à la fois
scientifique et authentique de
Bernard Hazo, les anarchistes
bleus .Les Paludiers 1980. Sur
une culture prolétarienne, voir
moins l'obsession malveillante
de la marge et du bas du Michel
Verret, Où en est la culture
ouvrière aujourd’hui ?, In
Sociologie du travail 1989-1, et
de Chevilles ouvrières,
l'Atelier. 1995 que le chef
d’œuvre de F Engels, La
situation des classes
laborieuses en Angleterre et
Hoggart. The use of litteracy, abusivement
traduit par La culture du
pauvre, par ceux qui prétendent
en 1968 traquer le
misérabilisme pour y sombrer
avec La Misère du monde. M.
Verret, P. Bourdieu, S. Beaud,
O. Schwartz: même retour du
refoulé du mépris dans la
logomachie de l'achevable
"domination" du "bas", ce trou
noir conceptuel de la
déliquescence intellectuelle
achevée du marxisme stalinien
privé de son
fantasmatique prolétariat
massifiable. |
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|
|
[21] Document joint. infra. |
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|
[22] Sur ce point les
témoignages généreux et lucides
de Job Kergozien, facteur,
militant CGT et communiste.
(Archives personnelles). |
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|
[23].Sur la C.G.T.U., Jean
Péneff Autobiographies de
militants C.G.T.
C.G.T.U. .L.E.R.S.C.O., Nantes
1980. Sur les votes syndicaux,
nous nous sommes livrés sur les
archives de la Direction
Départementale du travail à une
collecte exhaustive, et à un
travail d'interprétation
historique in Jacky Réault,
Patrick Delasalle (collab.), Evolution
des Forces syndicales dans
l’aire d’emploi de Saint-Nazaire
-1936-1945 et Comptes de
l’unité et de la division.
Nantes, L.E.R.S.C.O.. 1980: Lors
de la grève de 1947: la C.G.T.
n’obtient 18% et ne l’emporte
que chez les dockers. En 1968,
23% de femmes adultes salariées
dans le canton-le plus briéron,
celui de Pontchâteau, 26 dans
celui de Saint-Nazaire, mais
jusqu’à 43 dans le sud
plus activiste de Saint Père en
Retz et Pornic. Deux univers
anthropologiques entre nord et
sud.! |
|
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[24] La Brière forme un
univers spécifique à forte
identité culturelle tissé par
une intense endogamie réduite à
moins d’une dizaine de lignages
pour la majorité de la
population et inscrit dans un
genre de vie séculaire
polyvalent pour compenser une
nature ingrate et malsaine, le
marais de remblaiement maritime
bordier de l’estuaire de la
Loire au Sud-est de
Saint-Nazaire. la Brière,
immortalisée par le romancier
Alphonse de Châteaubriant, fut
un des viviers principaux de la
qualification ouvrière
artisanale présupposée de
l’industrialisation sans
laquelle la construction navale
contemporaine n’aurait pu naître
et perdurer. On approche la
Brière grossièrement dans la
grille communale (elle est par
ailleurs éclatée entre plusieurs
cantons) distinguant le noyau
culturel Briéron Saint-Joachim
(Canton de Pont- château), La
Chapelle des marais(Canton
d’Herbignac),
la Brière économique encore
humide : Crossac Besné,
Sainte-Reine de Bretagne (Canton
de Pontchâteau) Saint André des
Eaux (Canton de Guérande) Saint-Lyphard
(canton d’Herbignac), la Brière
seiche suburbanisée Donges,
Montoir, Trignac, Saint-Malo-de-Guersac.(ex.
canton de Saint-Nazaire). En
2007, fin d'un dernier cycle
déjà anachronique dans l'anatopisme (M
Tournier, Vus de dos Gallimard)
: la mairie de Saint Joachim
échappe au PCF.Sur la Brière.
Outre les deux ethno-historiens
également épris de l'univers
magique du marais briéron, le
chanoine Augustin Vince, Brièrons
...Naguère. Le Fur Saint-Nazaire
1981, et l'instit. Fernand
Guériff, Brière de Brume et de
Rêves, Bellanger, Nantes 1979,
lire le beau mémoire de maîtrise
d'ethnologie (Paris V, R
Descartes, 1989) de Marie
Capdecomme, Le renouveau de la
situation de "contage" en
grandeBrière et en pays
guérandais. |
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[25] Dans le marais
briéron, la double vie a sa
forme accomplie. Le type idéal
de l’ouvrier briéron : Il vit,
et avec les
siens produit (jardinier petit
éleveur, bricoleur polyvalent
ancestral) sur son sol, dans sa
maison construite par
l’entraide, il ajoute au salaire
d’ouvrier qualifié,
la récupération et la bricole,
les produits voire les
revenus noirs de la pèche et de
la chasse, de double activité
ouvrier-paysan pas si
résiduelle. Jean Pierre Fleury,
Ouvriers-Paysans ruraux en
Brière. Thèse de 3° Cycle en
sociologie, Nantes 1980 |
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[26] Marthe Barbance. Voir
aussi la sagacité savante et
populaire de Roger Cornu dans
Saint-Nazaire et la construction
navale, o.c., et ,
l’A.R.E.M.O.R.S |
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[27] La scission avec la
CGT, inscrite dans l'année
terrible (Desanti), 1947 ne fut
institutionnalisée qu’en 1948. |
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[28] L’industrie ne
regrouperait plus en 1988 que
39% de la population active,
mais 44, 5 (contre 50 en 1982)
avec les transports, secteurs
très ouvrier, mais c'st
notamment ignorer les
intérimaires, noyés dans
les services marchands rendus
aux entreprises, euphémisation
de l’ouvrier sous-traité. Sur
les transformations techniques
et la division du travail : Jean
Paul Molinari In Enquêtes et
documents G.I.R.I. 1984. |
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[29] Centre d’Etudes et de
recherches sur
les qualifications, dans les
années 70, le CEREQ,
irremplaçable et irremplacé
savant collectif, de ce concept
spécifique de la société
salariale française des Trente
Glorieuses, fut détruit par un
gouvernement de cohabitation. |
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[30] Sur les écosystèmes de
reproduction populaire à
l’échelle française, Jacky
Réault, Formes de vie ouvrières
et écosystèmes sociaux de
reproduction dans la société
française. LERSCO. Nantes
Novembre 1989 (En réédition) |
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[31].En 1989, 31% seulement
des hommes vivant en couple et
sans travail, ont leur
conjointe active. Si l’on isole
les 25-29 ans, la conjointe
active est encore minoritaire
(44%). |
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[32] Approchés par
les Déclarations Annuelles de
Salaires (Agglomération au lieu
de travail.) |
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[33] Familialisme : Ce mot
n’est pas pour nous une insulte
ni a plus forte raison ce moulin
à vent de la conventionnelle
dénonciation des tenants d'une
quasi sociologie animale de
la domination, tel l'étonnant R.
Lenoir, (une vie entière pour
traquer le familialisme au nom
de la dite sans rire, sociologie
comme science). On pense avec C.
Meillassoux que la famille
populaire est modalement le
sanctuaire de toutes les
résistances essentielles, des
fondamentaux anthropologiques
comme des cultures du commun,
face aux hauteurs mondialisées
des classes culturelles et au
mépris postmoderne
d'oligarchie modernisatrice. |
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[34] Nous avons créé ce
concept, J. Réault la
prolétarisation inachevée Nantes
LERSCO-CNRS 1977, sans les
connotations d'aliénation qu'y
introduit d'André Gorz Adieu au
prolétariat, Galilée1980, sinon
d' Immanuel Wallerstein,
o.c.infra |
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[35] Immanuel Wallerstein, Le
capitalisme historique; La
Découverte. La plus pertinente
des analyses marxiennes avec
celle de Claude Meillassoux, de
la prolétarisation comme concept
d'anthropologie économique à
l'échelle mondiale orientée par
le concept fondamental que nous
avons adopté d'accumulation
primitive continue sur fond
d'organisation du monde entre
centre(s) et périphérie's). |
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[36] A l’apogée de l’autoconstruction, en
1968 la production
du chez-soi qui selon le second
Bachelard ironique et profond
vient juste après l'en soi et
le pour soi. (Poétique de
l'espace, PUF)- Jacky Réault
in Bilan réflexif Amiens 2008-
peut s’ajouter pour l’ouvrier
des Chantiers à plus de 46
heures de travail hebdomadaire ;
Mai-Juin 68, fut une aubaine, il
y fut maçon, électricien ( mais
c’est la femme qui est peintre
pour la maison
jamais achevée (Interviews de
1978 via Patrick Delasalle). |
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[37] Quelques cohortes
de prolétaires nazairiens, ruse
de l’histoire des baraquements
de la Reconstruction, prirent
goût à la maison individuelle
(J. Kergozien). Dans les années
quatre-vingt d'autres font le
saut à leur tour mais à contre
cycle. Loïc Rousselot les
suivit sous notre direction
in Itinéraires résidentiels des
parents isolés dans
l’agglomération de
Saint-Nazaire. Maîtrise de
sociologie Nantes 1987. |
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[38] Cf. nos écosystème
populaires de l’ouest du
développement des 30 Glorieuses,
o.c.1989. |
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[39] Vu dans un prisme de la
CFDT et du féminisme, Dominique
Loiseau, Les femmes et le
militantisme nazairien de 1936 à
1967. Maitrise en sociologie
Nantes 1989 et autres travaux. |
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[40] Jacky Réault, Patrick
Delasalle, 1980, op. cit., Note
5. |
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[41] En 2006
les lambertistes du Parti des
travailleurs et les
néo-chevènementistes se
partagent politiquement
l’héritage, bien estompé et en
2008, de plus en plus à la
remorque du candidat à une
royauté de l'estuaire (?) J M
Ayrault flanqué de J Blaise. |
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[42] Jacky Réault Mai 68 à
Saint-Nazaire et dans l’Ouest,
Colloque Acteurs et Terrains du
mouvement social de mai
1968.Novembre 1988. (non publié) |
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[43] L’extrême gauche a
cependant toujours plus que des
virtualités ici. Le
Chevènementisme, quoique quelque
peu dégradé désormais, maintient
une ligne de résistance plus
conséquente à la mondialisation
(2006). Sur le double lien
organique de résistance conju-
guée de classe et de nation (E.
Todd, Aux origines du malaise
politique français. Fondation
Saint-Simon 1995). Le maire de
long cours actuel, Joël Batteux
semble courir désormais après
une image vendable et
médiatique, de sa ville à
l’instar, mais vingt ans plus
tard, de son modèle nantais,
est-il encore chevènementiste ?
Le propos
emphatiquement antilibéral n’est-il
pas un dernier leurre. Rien de
moins "libéral" que le
capitalisme mondial (Braudel, La
dynamique du
capitalisme, Arthaud) et la
mondialisation (Guy Bois, Une
nouvelle servitude, Essai sur la
mondialisation, François-Xavier
de Guibert 2003). Novembre 2008
Joël Batteux quitte pour la
deuxième fois le PS en perdition
qu'il avait rejoint après la
trop audacieuse pour
lui, campagne présidentielle de
J. P. Chevènement en 2001-2002. |
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[44] J-Paul Molinari Les
ouvriers communistes. Présence
du Livre Thonon-Les-Bains 1991. |
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[45] Cette conclusion de
1991 n’a nul besoin d’une
révision. Les compléments de
2006 concernent la seule
mutation du municipalisme et son
nouveau contenu
politico-culturel. |
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[46] Aperçu commenté de
nos Travaux originaux ayant
servi à cette synthèse. Les
éditions de laboratoire sont
accessibles chez l'auteur et en
partie à la bibliothèque en
ligne palissy.humana.univ-nantes.fr qui
a recueilli la bibliothèque du
Lersco. J Réault, la
prolétarisation inachevée- les
ouvriers (ou la classe
ouvrière dans une autre
édition) de l’aire d’emploi de
Saint-Nazaire. LERSCO-CNRS
Nantes 1977Ouvrage inaugural
éprouvant la validité
méthodologique et théorique de
l’aire d’emploi sur la
problématique des formes et
degrés de prolétarisation dans
un milieu et un espace temps
populaire déterminé. |
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